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Annie Dillard (dimanche, 20 juin 2010)

images-1.jpg« En écrivant chacun de ses livres, l’écrivain doit résoudre deux problèmes : d’abord, est-ce faisable ?  Ensuite, puis-je le faire ? Tout livre abrite une impossibilité intrinsèque, que l’écrivain découvre dès que son excitation initiale faiblit. Le problème est structurel ; il est insoluble ; voilà pourquoi personne ne pourra jamais écrire ce livre. Les nouvelles, les essais et les poèmes complexes posent aussi ce problème : le défaut structurel rédhibitoire que l’écrivain aimerait n’avoir jamais remarqué. Mais il l’écrit malgré tout. Il trouve certains moyens de minimiser la difficulté ; il renforce d’autres qualités ; il bâtit tout son récit en porte-à-faux au-dessus du vide, et ça tient. Et si c’est faisable, alors il peut le faire, et seulement lui. Car aucun des matériaux de ce livre ne suggère à un autre que lui ces possibilités de sens et de sentiments. »

Annie Dillard

En vivant, en écrivant

Traduit de l’américain par Brice Matthieussent

Christian Bourgois, 1996, rééd. « Titres » n° 80, 2008

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