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Antoine Emaz, « En deçà » (lundi, 17 avril 2017)

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© : Régis Nardoux

Pâle

« au bout du jour

il n’est pas grand-chose à quoi

peuvent s’accrocher les doigts

dans un silence de chair remuée

vive

 

le plus souvent on s’est tenu

à la surface des gens ou des choses

avec en dedans

un grand désir

muet

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

les êtres s’échappent

 

d’autres amis remplacent les morts

 

on est toujours là

peut-être un peu plus lourd de souvenirs

pour personne

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

hommes sans cesse

très vite disparaissant

dans la terre sans livres

 

tant de terre et tant d’hommes

remués

si longtemps

sans faire d’histoire

décisive

 

on ne crie plus guère

 

on veille parmi les livres

lorsque les mains sont vides 

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

l’élargissement viendra

du dedans

s’il doit venir

 

pour l’heure

on aménage l’espace restreint

et sous les livres

on arrive à ne plus voir les murs

 

ainsi

à l’étroit dans ce qui est possible

on est

débout

encore

 

on dure »

Antoine Emaz

Poème d'une énergie contenue in En deçà

Fourbis, 1990

14:33 | Lien permanent | Tags : antoine emaz, en deçà, fourbis