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Ludovic Degroote, « Monologue » (mercredi, 10 avril 2013)

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« probable qu’une façon de se supporter à travers son passé c’est d’en faire quelque chose qui soit une capacité à vivre avec soi, sinon on se tuerait chaque jour

 

cela m’apparaît si simple et si compliqué que je ne sais plus comment regarder les choses ni comment les vivre, si elles sont vivables ni même si je peux les regarder, car cela me demanderait de vivre avec tout ce que j’ai enfoui, or, comme je les ai enfouies, c’est parce que je pensais ne pas vivre avec elles, à l’instant où je croyais encore, dans l’illusion qu’il m’aurait été permis de choisir, que je pourrais vivre en les abandonnant

 

alors je continue à voir ma vie comme si j’étais à côté parce qu’y pèse toujours quelque chose qui manque

 

cette impression d’être brisé, qui est une exagération, puisqu’elle n’a officiellement rien supprimé de ma vie, je retombe dans une forme d’enfance à partir de quoi il me semblerait pouvoir recommencer, si je comblais les manques

 

depuis mon adolescence j’essaie de rationaliser ce qui peut l’être pour tenter d’échapper à moi-même, je n’y arrive que par fragments, à la manière dont on s’atteint à travers ce qu’on vise, parce que, si on se rate, on touche à quelque chose d’autre de soi »

 

 Ludovic Degroote

 Monologue

Champ Vallon. Coll. Recueil, 2012

17:45 | Lien permanent | Tags : ludovic degroote, monologue, champ vallon