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Jim Harrisson, « L’éclipse de lune de Davenport » (mercredi, 22 mars 2017)

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DR

 

« Le temps nous dévore crus.

Pour mon anniversaire, hier,

je n’étais que d’un jour plus vieux

bien que j’aie commencé unicellulaire

il y a dix millions d’éternités dans le bourbier de la vieille ferme.

 

* * *

 

Assurément les poissons n’ont pas inventé l’eau

ni les oiseaux, l’air. Les hommes ont bâti des maisons

en partie pour la gêne que leur donnent les étoiles,

et élevé leurs enfants sur des insignifiances,

puisqu’ils ont massacré tout dieu au fond d’eux-mêmes.

L’homme politique sur les marches de l’église croît

dans la grandeur même de cette stupidité,

lampe grillée qui jamais n’imagina soleil.

 

* * *

 

C’était lundi matin pour la plupart des gens

et mon cœur était près d’exploser selon

mon tensiomètre numérique,

ce qui me fait dire que je ne peux plus bosser

pour être le mineur le mieux payé au monde.

Je veux me maintenir à la surface et aider le héron

qui a du mal à se poser au bord du ruisseau.

Il vieillit et je me demande où il sera une fois mort. »

 

Jim Harrisson

L’éclipse de lune de Davenport et autres poèmes

Traduit de l’américain par Jean-Luc Piningre

Bilingue

La Table Ronde, 1998, rééd. La Petite Vermillon, 2017

13:20 | Lien permanent | Tags : jim harrisson, l'éclipse de lune de davenport, jean-luc piningre, la table ronde, la petite vermillon