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jim harrisson

  • Jim Harrisson, « Notre anniversaire »

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    DR

     

     

    « Je désire retourner dans cette vieille ferme délabrée

    par un froid matin de novembre pour y manger des

    harengs à l’aube sur la toile cirée de la table, le beurre

    dur effrité en éclats sur le pain de seigle, du beurre

    maison doré. Remplis le panier de bois, Jimmy.

    Crème grumeleuse dans le café, le poêle à bois

    siffle et craque. Dehors c’est la plus forte gelée

    de l’année, mais les talons s’enfoncent jusqu’à la terre.

    Une ferme meurt en hiver, tu as envie d’aller en forêt.

    Dans la grange l’odeur du crottin et du foin encore

    vert envahit tes narines, et celle du lait dans les seaux

    en métal, Grand-papa trait la dernière des sept vaches,

    tire sur leurs pis semblables à des bites,

    un sourire aux lèvres pour le chat de la grange.

    Ma petite amie en aime un autre, à douze ans

    c’est comme si tous les arbres étaient morts.

    Soixante ans plus tard sept colibris à la mangeoire,

    vaches miniatures sirotant du sucre liquide.

    Cinquante années partagées. Les arbres sont toujours là. »

     

    Jim Harrisson

    « Nouveaux poèmes », 2010

    in Une heure de jour en moins

    Poèmes choisis 1965-2010

    Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent

    Flammarion, 2012, réédition J’ai lu, n°11972, 2021

  • Jim Harrisson, « L’éclipse de lune de Davenport »

    Harrison.jpg

    DR

     

    « Le temps nous dévore crus.

    Pour mon anniversaire, hier,

    je n’étais que d’un jour plus vieux

    bien que j’aie commencé unicellulaire

    il y a dix millions d’éternités dans le bourbier de la vieille ferme.

     

    * * *

     

    Assurément les poissons n’ont pas inventé l’eau

    ni les oiseaux, l’air. Les hommes ont bâti des maisons

    en partie pour la gêne que leur donnent les étoiles,

    et élevé leurs enfants sur des insignifiances,

    puisqu’ils ont massacré tout dieu au fond d’eux-mêmes.

    L’homme politique sur les marches de l’église croît

    dans la grandeur même de cette stupidité,

    lampe grillée qui jamais n’imagina soleil.

     

    * * *

     

    C’était lundi matin pour la plupart des gens

    et mon cœur était près d’exploser selon

    mon tensiomètre numérique,

    ce qui me fait dire que je ne peux plus bosser

    pour être le mineur le mieux payé au monde.

    Je veux me maintenir à la surface et aider le héron

    qui a du mal à se poser au bord du ruisseau.

    Il vieillit et je me demande où il sera une fois mort. »

     

    Jim Harrisson

    L’éclipse de lune de Davenport et autres poèmes

    Traduit de l’américain par Jean-Luc Piningre

    Bilingue

    La Table Ronde, 1998, rééd. La Petite Vermillon, 2017