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Musique

  • Felipe Hernández, « La Dette »

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    DR

     

    « À présent il enduisait l’archet de colophane et il avait collé des morceaux de papier adhésif sur le diapason du violoncelle pour marquer les touches. Peut-être qu’ainsi son interprétation de la suite de Bach s’améliorerait sur certains points. Mais Andrés sentait que ses mains étaient toujours plus contractées. Elles avaient leur mécanique à elles, rigide et traître parfois, et il en était venu à appréhender de les approcher du corps de sa femme. Parfois il les regardait se déplacer sur le manche du violoncelle comme des animaux étrangers à sa personne. Il les voyait et il écoutait les sons apaisants du violoncelle jusqu’à ce qu’un nouveau crissement interrompe la mélodie.

    Il voulait fuir la moindre stridence. Il voulait que les notes soient pures, exactes, mais derrière l’interprétation de Casals lui-même se cachaient les gémissements des crins de l’archet sur le métal des cordes. Il entendait ces gémissements avant tout autre son. Il essayait de se concentrer sur les notes, mais le moindre glissement lui remettait de nouveau en mémoire la respiration sifflante d’Ignacio Suquía. Ce même violoncelle qu’il embrassait et saisissait par le manche devenait par instants le corps gémissant du prêteur. Alors il commençait lui aussi à respirer bruyamment. Il lâchait le violoncelle et, dans la vague intention d’éviter les crissements, il enduisait à nouveau l’archet de colophane.

    Même la nuit, il croyait entendre des cris étouffés. La mélodie de la suite se répétait encore dans sa mémoire et de ses intervalles semblaient surgir des murmures de douleur ; ils s’infiltraient dans son sommeil pour l’empêcher de dormir et parfois ils devenaient tellement réels que l’on aurait cru que quelqu’un passait un mauvais quart d’heure dans la pièce à côté. La nuit précédente, précisément, il avait vu briller près de lui les yeux ouverts de María Teresa. Il avait essayé de lui parler, mais finalement il n’avait pas osé, craignant qu’elle n’ai entendu la même chose que lui. 

    […]

    Andrés entra dans le bureau et s’assit derrière la table ; il contempla à travers la fenêtre la légère clarté azurée qui commençait à percer entre les immeubles. Pendant un instant, il eut l’impression d’avoir passé une éternité dans ce lieu. Les lumières de la ville et le firmament encore étoilé qui s’étendait derrière la fenêtre paraissaient avoir été dessinés dans le moindre détail par sa mémoire à l’intérieur du cadre. Il sentit que la vie s’écoulait au-delà de l’espace qu’embrassaient ses sens et que son désir suffirait à abattre ou à incendier les constructions qui se dressaient en face de lui. Il sentit au bout de ses doigts la tension des fils qui mettaient en mouvement la vie de la ville. Il pouvait se souvenir des centaines de visages et de chacune des voix qui étaient passées par ce bureau depuis son arrivée. Tout était limpide puisque chaque pièce avait un sens. »

     

    Felipe Hernández

    La Dette

    Traduit de l’espagnol par Dominique Blanc

    Coll.  « Otra memoria », Verdier, 2003

    https://editions-verdier.fr/livre/la-dette/

    40 ans de Verdier

  • Pascal Quignard, « La leçon de musique »

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    Marin Marais par André Bouys, 1704

     

     

    « La cloison sonore est première dans l’ordre du temps. Mais je songe – avant que nous soyons enveloppés de notre propre chair – à la cloison tégumentaire d’un ventre autre. Puis la pudeur sexuelle, la présence ou la menace de l’émasculation, qui ne sont pas dissociables de la cloison vestimentaire. Non pas les corps : certaines parties du corps, non pas les plus personnelles, mais assurément les plus distinctes, qui sont soustraites à la curiosité d’autrui. Il faut alors supposer une espèce de son étouffé qui est comme le sexe dérobé. C’est le secret de la musique. Dans ce sens Marin Marais décide de devenir le virtuose de la basse de viole, dût-il passer sur le corps de son maître. Sans doute une espèce de son étouffé peut être formée à l’aide du piano-forte ou du violoncelle. Mais de nos jours, dans le cas du clavecin, de la viole de gambe, il en va comme si une tenture, une tapisserie, une cloison nous séparaient de ces sons étouffés, et les étouffent. Le plus lointain en nous, il nous brûle les doigts. Nous le cachons dans notre sein et pourtant il nous paraît plus ancien que la préhistoire, ou plus loin que Saturne. Jean de La Fontaine, dans le même temps, cherche à l’aide de vieux mots, de vieilles images revigorées, la nouveauté, la jeunesse même d’un effet archaïque. Je n’avais pas la vue dans ce temps, pas plus que je n’avais la disposition du souffle, ni du vent, ni de l’air atmosphérique, ni de la profondeur des cieux. J’ai intensément et comme à jamais l’impression de ne pas entendre tout à fait et de ne pas être sûr de comprendre tout à fait.

     

    […]

     

    Rue de l’Oursine, il s’était fait aménager un cabinet de musique qui donnait sur le jardin et qui causait de la surprise aux musiciens de ses amis et aux élèves tant il était en proportion petit. On ne pouvait y jouer à plus de deux violes et c’est pourquoi Marais avait été contraint de louer une salle plus vaste, rue du Batoir, pour y donner ses cours. C’était une réplique de la cabane de Sainte-Colombe, cinquante ans plus tôt, dans le bois de mûrier. Il était recouvert de boiseries de chêne clair. Deux tabourets recouverts de velours de Gênes rouge. Près de la fenêtre – d’où Marais avait plaisir à voir ses arbres et ses fleurs – une chaise longue datant du XVIIe siècle, une vieille “duchesse” de velours jaune, une table à écrire, un nécessaire à écrire au couvercle fait de pierres d’agate.

     

    […]

     

    Durant les années 1726, 1727, 1728, il avait à peu près cessé de parler. Comme les vieillards qui, pour justifier la mort ou pour supporter la proximité de plus en plus pressante et de plus en plus effrayante de leur fin, édifient à pleines mains mille motifs de haïr le monde qu’ils quittent sans qu’ils le veuillent, il prétendait qu’il avait chuchoté un chant à des oreilles qui ne se trouvaient plus sur les visages. Que, sans qu’il sache comment, il était comme un poète qui écrirait des vers dans une langue dont le peuple aurait été décimé en une nuit. Que l’art de la viole avait connu son plus haut état alors que le public avait déjà cessé de lui accorder son attention. Qu’il avait écrit sur l’eau, au rebours du courant, dans le mouvement impossible qui va de nouveau vers la source. »

     

    Pascal Quignard

    La leçon de musique

    Textes du XXe siècle, Hachette, 1987, rééd. Folio, 2002

     

    Marin Marais est né le 31 mai 1656 à Paris, où il est mort le 15 août 1728.

  • Denis Diderot, « le Neveu de Rameau »

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    Denis Diderot par Louis-Michel van Loo, 1767


    « Cher Rameau, parlons musique, et dites-moi comment il est arrivé qu’avec la facilité de sentir, de retenir et de rendre les plus beaux endroits des grands maîtres ; avec l’enthousiasme qu’ils vous inspirent et que vous transmettez aux autres, vous n’avez rien fait qui vaille.

    Au lieu de me répondre, il se mit à hocher de la tête, et levant le doigt au ciel, il ajouta, et l’astre ! l’astre ! Quand la nature fit Leo, Vinci, Pergolèse, Duni, elle sourit. Elle prit un air imposant et grave, en formant le cher oncle Rameau qu’on aura appelé pendant une dizaine d’années le grand Rameau et dont bientôt on ne parlera plus. Quand elle fagota son neveu, elle fit la grimace et puis la grimace, et puis la grimace encore ; et en disant ces mots, il faisait toutes sortes de grimaces du visage ; c’était le mépris, le dédain, l’ironie ; et il semblait pétrir entre ses doigts un morceau de pâte, et sourire aux formes ridicules qu’il lui donnait. Cela fait, il jeta la pagode hétéroclite loin de lui ; et il dit : C’est ainsi qu’elle me fit et qu’elle me jeta, à côté d’autres pagodes, les unes à gros ventres ratatinés, à cols courts, à gros yeux hors de la tête, apoplectiques ; d’autres à cols obliques ; il y en avait de sèches, à l’œil vif, au nez crochu : toutes se mirent à crever de rire, en me voyant ; et moi, de mettre mes deux poings sur mes côtes et à crever de rire, en les voyant ; car les sots et les fous s’amusent les uns des autres ; ils se cherchent, ils s’attirent. Si, en arrivant là, je n’avais pas trouvé tout fait le proverbe qui dit que l’argent des sots est le patrimoine des gens d’esprit, on me le devrait. Je sentis que nature avait mis ma légitime dans la bourse des pagodes : et j’inventais mille moyens de m’en ressaisir. »

      

    Denis Diderot

     Le Neveu de Rameau

     édition de Jean-Claude Bonnet

    Flammarion, 1983


    Mireille Delunsch (La Folie) dans Platée de Jean-Philippe Rameau,

    Les Musiciens du Louvre, direction : Marc Minkowski
    http://www.youtube.com/watch?v=E1EE6CSIo6A

  • Deux centième anniversaire de la naissance de Robert Schumann

    10014774_Robert and Clara Schumann.jpgRobert à Clara

     

    13 mars 1840

     

     

    « Ceci est une maigre récompense pour tes deux dernières lettres. Mes chansons sont les premières qui aient été imprimées, alors n’exerce pas trop ton esprit critique. Quand je les ai composées j’étais tout à toi ; ô toi fille romantique, tu me poursuis de tes regards où que je sois et je pense souvent que, sans une fiancée comme toi, je n’aurais pas composé une semblable musique qui n’est faite que pour chanter tes louanges, car je ne t’aime que trop et je voudrais te dire que chaque soir j’ai envie d’aller te retrouver et que je n’ai pas cessé d’être dans une crainte perpétuelle de ne pas arriver à temps auprès de toi.

    Sais-tu également que c’est aujourd’hui ton anniversaire ? ­– je calcule tout d’après ma fiancée. Ainsi, vingt ans et demi ma petite Clara, je n’aurais jamais songé que nous vieillissions autant tout en n’étant encore que fiancés. Ces longues fiançailles ont du bon. On apprend à bien s’aimer et à bien se connaître. Cependant permets-moi une observation : toi, quand tu m’as froissé et que je te le dis, tu fais exactement comme si c’était toi le plus froissé des deux et tu te dis prête malgré tout à me pardonner. Songe, petite fille, que deux fois depuis trois mois, je t’aurais profondément froissée à ton avis et cependant, Clara, la pécheresse c’était toi. Ne me connais-tu donc pas, et ne sais-tu pas que je suis un homme loyal et que je ne ferai jamais de mal à personne ? Alors, femme, avoue, et laisse-moi te dire qu’avec tes deux dernières lettres, tu as tout arrangé et je t’écris cela seulement pour l’avenir. Nous devons plus tard souvent nous parler de nos craintes réciproques pour rendre plus solide la paix de la maison.

    Pendant que je compose, crois-tu que tu puisses te permettre d’être paresseuse . Écris donc une chanson ! Si tu commences, tu ne pourras plus t’arrêter. C’est une telle tentation. Je veux te laisser jeter un coup d’œil dans mes différents projets d’opéra… Tâche de lire Les Frères Sérapion, de Hoffmann. Tu y trouveras un conte « Doge et Dogaresse ». Lis-le bien attentivement. Imagine tout cela sur les planches. Dis-moi ton avis et tes pensées. Dans cette nouvelle qui me plaît, c’est le mélange de naturel et de noblesse.
    Julius Becker doit me faire le texte en vers. J’ai déjà fait les plans ! »

    Robert Schumann

    Lettres d’amour de Robert et Clara Schumann

    Traduit de l’allemand par Marguerite et Jean Alley

    Buchet-Chastel, 1976

    En écoutant Robert Schumann, Lieder, par Matthias Goerne, baryton

    et Éric Schneider, piano, Decca, 2004

  • Alain Bashung, 1er décembre 1947 - 14 mars 2009

    images.jpgAucun express

    Aucun express ne m'emmènera
    Vers la félicité
    Aucun tacot n'y accostera
    Aucun Concorde n'aura ton envergure
    Aucun navire n'y va
    Sinon toi

    Aucun trolley ne me tiendra
    Si haut perché
    Aucun vapeur ne me fera fondre
    Des escalators au chariot ailé
    J'ai tout essayé
    J'ai tout essayé

    [Refrain] :
    J'ai longé ton corps
    Epousé ses méandres
    Je me suis emporté
    Transporté
    Par delà les abysses
    Par dessus les vergers
    Délaissant les grands axes
    J'ai pris la contre-allée
    Je me suis emporté
    Transporté

    Aucun landau ne me laissera
    Bouche bée
    Aucun Walhalla ne vaut le détour
    Aucun astronef ne s'y attarde
    Aucun navire n'y va
    Sinon toi

    [Refrain]

    Aucun express ne m'emmènera vers
    la félicité
    Aucun tacot n'y accostera
    Aucun Concorde n'aura ton envergure
    Aucun navire n'y va
    Aucun

    [Refrain]

    in Fantaisie militaire, 1998

    http://www.youtube.com/watch?v=nn7I5IIcwOY

  • Bordeaux Jazz Festival : FIN

    blog.gifNotre ami Philippe Méziat a mis en ligne sur le site du BJF (lien en colonne de gauche) cette lettre ouverte à Alain Juppé, que nous relayons à titre d'exemple de politiques culturelles qui ne sont ni politique ni cuturelle – c'est devenu si courant que c'en est tristement banal. L'annonce de la fin du Bordeaux Jazz Festival n'est pas pour rassurer à l'heure où on nous fait miroiter, dans une inculture quasi générale,  mais à coups de grands effets de manches, un possible Bordeaux capitale européenne de la culture en 2013. Avec qui, et quels moyens ? 

     

    LETTRE OUVERTE AU MAIRE DE BORDEAUX
    Monsieur le Maire,

    Je viens vers vous, chose inhabituelle, pour vous annoncer que le « Bordeaux Jazz Festival » ferme ses portes, replie son ombrelle, et n’aura donc plus lieu. Je suis bien désolé de vous annoncer cette fin, d’autant qu’elle s’accompagne d’un « dépôt de bilans » plutôt positif. Les documents joints font apparaître en effet une augmentation de la fréquentation, un résultat d’exercice bénéficiaire, le bonheur d’une huitième édition vraiment très réussie à tous points de vue. Mais le texte qui accompagne ces bilans chiffrés fait ressortir de façon criante le lent étouffement dans lequel nous sommes plongés depuis des années, l’administratrice du festival et moi-même, dans la mesure où nous effectuons ce travail dans des conditions qui n’ont jamais été vraiment supportables, et qui se dégradent au fur et à mesure que le festival prend de l’ampleur, quand les aides mises à notre disposition par vos services restent à un niveau très insuffisant. J’ai régulièrement attiré l’attention sur ces points, je n’ai jamais été entendu ; je crois donc qu’il n’y a pas lieu pour nous d’insister davantage.

    Je crois que nous perdons tous là une occasion unique de voir, sur Bordeaux et la région Aquitaine, un grand festival de jazz se déployer, qui aurait pu à la fois regrouper un public nombreux et proposer des artistes irréfutables. Nous avions – nous avons toujours mais ce n’est plus d’actualité – le désir et la compétence pour faire exister une telle manifestation : connaissance du terrain régional, national et international, reconnaissance de la profession et des plus grands médias, communication originale et particulièrement remarquée, rigueur dans la gestion, enthousiasmes partagés dans la mise en place des équipes, soutien des publics, capital de sympathie à son maximum. « BJF », comme on l’appelle familièrement, aurait pu s’accompagner d’un développement parallèle des musiques que nous aimons sur l’ensemble de la région, et trouver ainsi sa place dans le projet qui porte actuellement la ville vers le titre de « capitale européenne de la culture ».

    Tout cela doit être viré au passé. Nous avons obtenu, lentement certes mais régulièrement, des aides accrues des autres collectivités territoriales. Nous avons même décroché, en une période dont vous savez qu’elle n’est pas favorable, une aide de l’Etat. Nous avons pour réussir, car nous avons réussi – mais à quel prix humain ! – été chercher les aides de la profession, sociétés civiles et autres, des aides privées également. Nous n’avons pas obtenu le même encouragement de la ville dont le festival porte le nom, et dont vous êtes le premier magistrat.

    C’est avec le sentiment d’avoir bien œuvré pour l’art, la culture et notre cité que nous cessons notre activité. Au bout du compte, le rendez-vous que Bordeaux avait avec l’une des musiques actuelles les plus riches n’aura pas pu prendre l’ampleur que nous souhaitions. Sans doute aviez-vous d’autres priorités.

    Je vous prie de recevoir, monsieur le Maire, l’assurance de ma considération respectueuse, et de ma reconnaissance aussi car vous nous avez permis, au travers de vos aides et de l’appui des professionnels de la mairie, un parcours qui ne laisse aucun héritage, mais certainement des traces profondes.

    Philippe Méziat

  • BJF

    Bordeaux Jazz Festival
    Samedi 3 novembre

    3 concerts sur les 4 de la journée.

     

    4f61963bd9e118661230aec9768c85e2.jpegÀ 16h au Goethe Institut concert solo de Paul Rogers à la contrebasse à sept cordes.
    Paul Rogers est un personnage peu commun. Tout du bûcheron au physique et même dans l’approche de l’instrument.
    L’instrument d’abord, une contrebasse à sept cordes (une plus grave et deux plus aigus que sur la contrebasse standard – mi la ré sol) et sur la table d’harmonie une sorte de guitare à quatorze cordes (sympathiques), en forme d’ovale, d’olive, de ballon de rugby, que sais-je… bref, c’est un prototype étonnant – fabriqué par Antoine Leducq à Nîmes –, très costaud, trapu et massif, au manche large comme les mains du musicien, épais comme ses avant-bras rudes.
    Le concert d’un peu plus d’une heure donna à entendre trois improvisations, profondes, sombres, dures, parfois cauchemardesques, rarement légères, le combat pour la vie en somme.
    Les archets ont dérouillé sous les coups de scie, sous le ahan du bûcheron, sous le pic du mineur, les charges de porte-faix… cette musique là ne saurait laisser indifférent, elle m’a bouleversée, comme m’a bouleversé le petit homme qui s’est battu avec un instrument androgyne pour donner à entendre son rude engagement de musicien et d’homme, sa joute avec l’instrument pour donner à entendre quelque chose du chant des origines. Une vraie rencontre.
    À écouter Being du même – et qui nous transporte vers des univers plus calmes, plus reposés, plus simples peut-être, plus chantant aussi, même si sous chaque note on pressent un hurlement retenu – qui vient de sortir sur le label de Mathieu Immer, Amor Fati (cf. «liens» sur ce blog), dans la collection «Live au Musée d’Aquitaine», coproduit avec le BJF, en même temps qu’un trio de batterie de Didier Lasserre, Edward Perraud et Mathias Pontevia.


    On sauta Wormholes. C’est comme ça.

    21 h : Vincent Courtois quartet – Vincent Courtois : violoncelle, Jeanne Added : voix et violoncelle, Marc Baron : saxophone, François Merville : batterie.
    Nom d’une pipe, tout pour réussir individuellement – légère réserve pour le jeu archi convenu du batteur très satisfait de ses pitreries qu’il prend pour des trouvailles – et rien qui passe ensemble, ça ne décolle jamais. On lâche un ou deux frissons pas plus. Dommage, cette voix, ce saxophone, ce violoncelle peuvent sans conteste mieux faire. Ça manquait juste d’engagement. À visiter les sites de chacun pour en avoir une idée, et surtout écouter What Do You Mean By Silence ? , TRI 06513.

     

    23 h David Lynx & Diederik Wissels quartet – David Lynx : chant, Diederik Wissels : piano, Christophe Wallemme : contrebasse, Stéphane Huchard : batterie
    Public conquis d’avance. Je ne connaissais pas le bonhomme – David Lynx, franco-américain à ce qu’il semble, intéressant à voir. Malgré tout concert plan-plan plus proche de la variétoche que du jazz, devant un public finalement assez peu connaisseur puisque se roulant par terre devant les facilités du batteur – bien lourd et peu nuancé – et ne récompensant que bien mal le jeu autrement plus intéressant de Christophe Wallemme et Diederik Wissels, cherchant chacun la note juste – l’incarnation de la note – pour sauver ce qui restait de la musique. David Lynx a beaucoup d’énergie et une voix assez étonnante, au spectre large, il doit être sans mal capable de bien mieux. Une autre fois.