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al berto

  • Claude Rouquet, la dernière échappée - 13 janvier 2015, Chauvigny

    les mots du frère pour l'accompagner

     

    « quelle heure est-il dans mon corps ?

    quel minéral rouge jaillirait si je me tranchais une veine… je ne sais pas… je ne sais pas…

     

    ce que je vois ne peut déjà plus être chanté.

     

    je me souviens d'une tête rebelle flottant près de la fenêtre.

    mais la maison est remplie de gémissements, c’est bientôt le matin je ne me souviens de rien de plus.

     

    ce que je vois ne peut déjà plus être chanté.

     

    je recommence la fuite, la dernière, et je devrais y mourir les yeux ouverts, attentif à la moindre rumeur, au plus petit geste – attentif à la métamorphose du corps qui a toujours refusé l’ennui.

     

    ce que je vois ne peut déjà plus être chanté.

     

    je marche avec les bras levés, et avec la pointe des doigts j’allume le firmament de l’âme.
    j’espère que le vent passera… sombre, lent puis j’y entrerai, scintillant, léger… et je disparaîtrai. »

     

    Al Berto

    Mort de Rimbaud

    in Jardin d’incendie
    traduit du portugais par Jean-Pierre Léger
    L’Escampette, 1997

  • Al Berto, « Le Livre des Retours »

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    « lève-toi et obéis à cet enfant que tu fus

    va dans le désert de l’âge où le mensonge

    ronge le paysage et colonise

    ces pauvres images démantelées

     

    le vol des oiseaux malheureux se détache de la terre

    où le corps a conservé le chant lointain des lunes

    des limons des sables et des premières eaux

     

    ouvre maintenant tes paupières dans la pénombre de ta chambre

    réveille le tigre blanc avec le sang tendre du sommeil

    n’aie pas peur du déluge

    où l’adolescent grandit et laisse le jour tranchant

    basculer lumineux comme un poignard »

     

     

    Al Berto
    Le Livre des Retours

    traduit du portugais par Michel Chandeigne & Ariane Witkowski
    L’Escampette, 2004


    Vingt-septième page pour fêter les vingt ans de L’Escampette