Ariane Epars, « Carnet(s) du lac »
« Samedi 8 juin, 9 heures 30
Lac cireux, presque lisse. Calme. Léger mouvement vers la gauche.
Atmosphère floue, bleu pâle, qui se voile. Les traces des avions restent collées au ciel, croissent en forme de cellules. Derrière le mur de la Promenade un banc de poissons mord la surface de l’eau à-coups de petites bulles.
Une brise agite individuellement les feuilles désormais vertes de l’arbre 2. Un cygne parcourt la scène de droite à gauche, à lents coups de pattes. Au large, très loin, deux canoës brillants, se dirigent vers la droite.
Concert ininterrompu de piaillements de moineaux.
Derrière le ronronnement des pompes à traiter, la circulation.
Les bruits aussi, sont flous.
La lumière est blanche.
Le lac semble s’évaporer dans cette intensité lumineuse.
Martinets et hirondelles sillonnent le ciel au loin, un merle siffle de courtes phrases.
Un courant, soudain, plisse la peau du lac.
Le soleil clignote dans le feuillage de l’arbre 2. Un petit avion survole la maison, des éclats de soleil s’allument s’éteignent s’allument sur le bleu tendu entre les arbres 1 et 2. »
Ariane Epars
Carnet(s) du lac
Héros-Limite, 2015
pour mieux connaître le remarquable travail d'Ariane Epars : http://www.arianepars.ch/