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jean joubert

  • Denise Levertov, « La rose »

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    (pour B. L.)

     

     

    « Dans la verte Alameda, près des fontaines,

    un vieillard, les mains

    serrées derrière son pauvre dos

    à pas lents va de rose en rose, s’arrête

    pour méditer, respirer le parfum, et moi

    qui le suis à distance, je découvre

    la rose dorée, couleur d’abeille, odeur de miel,

    la rose rouge, contralto, les roses

    couleur de nuage à l’aube, de neige au clair de lune,

    couleurs que seules savent les roses,

    mais nulle rose

    comme la rose que je vis dans ton jardin. »

     

    Denise Levertov

    Un jour commence

    Traduit de l’anglais et préfacé par Jean Joubert

    Les cahiers des brisants, 1988

  • Denise Levertov, « Deux poèmes »

    levertov.jpg

    DR

     

    « Le lit

    Nous sommes une prairie où bruissent les abeilles,

    l’esprit, le corps sont presque confondus

     

    lorsque le feu s’avive dans le poêle

    et que nos yeux se ferment,

     

    et que, bouche à bouche, blottis

    dans la tiédeur de la laine,

     

    nous dormons comme dorment les chevaux dans l’herbage,

    à l’unisson. Pourtant l’automne froid

     

    enserre notre lit, et pourtant tout le jour

    nous sommes singuliers et souvent solitaires.

     

    Les esprits apaisés

     

    Le voyageur arrive enfin, au cœur de la forêt,

    dans la cabane où, lui a-t-on promis,

    un sage le recevra.

    Mais il n’y a personne ; des oiseaux, des bêtes menues

    s’agitent, disparaissent, puis reviennent pour l’observer.

    Nul regard humain ne l’accueille.

    Pourtant, dans la cabane, il trouve de la nourriture,

    gardée chaude près des tisons,

    des habits odorants, à sa taille,

    pour remplacer les haillons de l’errance,

    et une couche de bruyère des collines.

    Il reste là, il attend. Chaque jour

    quelqu’un charge le feu, remplit la cruche

    pendant qu’il dort.

    Lui-même tire l’eau du puits,

    écrit le récit de ses voyages, guette le bruit d’un pas.

    Peu à peu il découvre

    que l’absent, le sage, lui parle,

    qu’il est présent.

                       C’est ainsi

    que vous m’avez parlé, ainsi que — surprise —

    je vous ai entendus. Lorsque j’en ai besoin,

    un livre ou une feuille de papier

    apparaît dans ma main, où la vôtre a écrit : messages

    qui m’attendent sur les étagères de la cave,

    dans des boîtes oubliées,

    jusqu’à ce que j’écoute.

                     Vos esprit s’apaisent ;

    maintenant, elle regarde, murmurez-vous,

    maintenant elle commence à voir. »

    Denise Levertov

    Un jour commence

    Poèmes traduits de l’anglais et préfacés par Jean Joubert

    Coll. Comme, Les Cahiers des brisants, 1988