UA-62381023-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

max de carvalho

  • Herberto Helder, « Du monde »

    765122.jpg

    DR

     

    « Celui qui atteint son poème par ce que les poèmes ont de plus haut,

    touche au lieu où c’en est fini du monde : je ne le veux pas

    pour le charme, ou l’erreur, dit-il,

    je le veux pour l’étoile plénière qui existe à certains endroits de certains poèmes

    abrupts, sans indication d’auteur.

    Il y découvrit ce que tout cela contenait

    d’âpreté :

    plutonium, l’abîme.

    La lune travaillait à la vitesse de la splendeur.

    Les clous vivants au-dedans de la tête, je sais.

    Un vase fait sur le vif, soufflé chaud, dit-il, je sais.

    Le système du son au plus secret du poème à jamais,

    poème intact, de

    musique et

    d’exaltation.

    Où se trouve pour le délire, dans la partie

    haute, dévorée par l’or, la partie inhospitalière.

    Hanté aussi par le plus simple :

    quantité et fraîcheur, un exemple :

    les fruits enivrent.

    Quelqu’un a dit : l’étoile absolue a pénétré ta douceur.

    De traverse en traverse d’os – parce que tu étais vierge – alors elle te transmua,

    fils.

    La bouche meurtrie par l’air inspiré, l’air expiré.

    Brûlé là où la chair se ferme, ou bien ouvert peut-on

    dire

    comme un trou de matière maternelle.

    Un âpre tas de sacs en haut :

    des sacs brillants, des sacs de sang amarré.

    ————

     

    Miroir qui regarde un miroir : image

    arrachant à l’image, oh

    merveille de sa profondeur même, l’eau vive

    que son œuvre enchâsse, lumière tissée

    pour qu’on voie la lumière.

    ————

     

    Œuvre à cette chose ancienne tandis que le monde marche

    sur son centre,

    comme si chaque point de ton ouvrage formait le cœur du monde. »

     

    Herberto Helder

    « Du monde » – 1994

    in Le poème continu – 1961-2008

    Traduit du portugais par Magali Montagné et Max de Carvalho

    Préface de Patrick Quillier

    Chandeigne, 2002, réédition, Poésie / Gallimard, 2010