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Chantal Dupuy-Dunier, « Mille grues de papier »

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173

 

Avec un fragment de soleil,

l’enfant aurait plié une grue

qui en aurait valu plus de cent.

 

Origami incandescent

de nature à s’opposer au rayonnement de la bombe ?

 

 187

 

Sadako plie une grue

dans l’aile diaphane d’un oiseau mort.

 

Un peu de poudre sur les doigts.

 

287

 

Dans une larme,

Sadako plie une grue aux ailes liquides.

Dans la courbure d’une larme

sa vie s’infléchit.

Des globules blancs prolifèrent au ciel

aux côtés des étoiles.

 

 

506

 

J’avais l’âge de Sadako,

je vénérais Thérèse et ses roses,

voulais devenir carmélite.

Il ne demeure rien de ma folie d’enfermement.

Cependant j’ai conservé

comme un fétiche amérindien,

une statuette de ma sainte.

Dans chaque église visitée, c’est elle que je cherche.

Tant de grandeur dans cette petite vie,

si vite éteinte, tels les cierges sur le présentoir.

 

Dans une goutte de cire

tombée sur le fer forgé,

Sadako plie une grue.

 

635

 

Il pleut des grues d’origami

sur la couverture en coton d’un lit d’hôpital,

au long des couloirs blancs,

dans les paumes ouvertes du visiteur.

 

Il pleut de vrais oiseaux dans les rêves.

 

Dans les rêves,

on parviendrait à compter jusqu’à mille,

à aller jusqu’au bout du voyage ?

Dans les rêves, on pourrait…

 

Chantal Dupuy-Dunier

 Mille grues de papier

 Poésie / Flammarion, 2013

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