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Chantal Dupuy-Dunier, « Éphéméride »

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« (18 mars)

Ce sont les matins qui importent,

la timidité rougissante des matins,

cet instant précis

où un rayon glisse un regard indiscret

à l’intérieur de notre chambre,

cet instant précis

où nous pouvons encore inspirer le jour.

 

(19 mars)

Le jardin s’impatiente.

À Encreux,

il est encore trop tôt

       pour travailler la terre.

Toi aussi, tu t’impatientes.

Et les outils s’impatientent.

Tu coupes un arbre mort

pour dépenser ta sève.

 

(20 mars)

Cet hiver encore,

les murs bombés

ont accouché de pierres

qui gisent en travers des chemins,

mortes nées,

ridées par le gel.

 

(21 mars)

Gestes migratoires de l’homme.

Parfois un seul pas,

mais le lieu vers lequel

progresse le pas

transforme ce déplacement

en haut vol.

 

(22 mars)

Combien de temps durera l’aube ?

Combien

avant que ne s’esquisse

une déchirure dans le brouillard,

un partage entre ceux du radeau

qui ne soit pas celui de la viande et des crocs ?

Avant que les bouches soient décousues, les langues greffées ?

 

(23 mars)

Nous marchons

sur la mer friable des pierriers,

houle brisée.

Témoin transmis

par la main de la neige,

le soleil blanc

retrouvé ce midi

en même temps qu’un ballet d’élytres. »

 

Chantal Dupuy-Dunier

Éphéméride

Poésie/Flammarion, 2009

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