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Les Carnets d'Eucharis, "portraits de poètes"

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Les Carnets d’Eucharis n° 48 viennent de paraître. Au sommaire, outre un joli dossier consacré à Charles Racine, vous trouverez des réflexions sur le travail de nombreux poètes, des poèmes français & traduits, des photographies, des notes de lecture etc. J’ai eu l'honneur d’être interrogé par Tristan Hordé – quatorze questions accompagnées d’un extrait d’un texte inédit : C’est nu, c’est de l'encre – pages 124 à 134 – et j’y parle de l’œuvre de mon amie Hélène Mohone, disparue en 2008 – pages 42 à 46. J’y suis bien accompagné par Isabelle Baladine Howald, Jacques Estager, Jacques Sicard, Angèle Paoli, Laurent Magentin etc. & bien sûr par Nathalie Riera qui anime inlassablement cette série.

Voici deux questions & leurs réponses extraites de l’entretien. Pour lire le reste : http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/media/01/02/4252419723.pdf

 

Venons-en à tes livres. Comment est née l’idée de Un nécessaire malentendu ?

As-tu lu mon Élégie de Pontlevoy ? J’ai reçu un jour au Centre régional des lettres d’Aquitaine, où je travaillais, un dictionnaire des noms de lieux publié par Fanlac et j’ai eu le sentiment qu’il y avait quelque chose qui était fait pour moi dans ce livre. Dans les mois qui ont suivi, j’ai développé un projet en cours et écrit Élégie de Pontlevoy, sous-titré « élégie toponyme, I ». Les noms de lieux me fascinaient, jamais je n’avais pu les faire entrer dans ce que j’écrivais. Grâce à ce livre c’était possible.

Ensuite, après quelques élégies, j’ai changé mon écriture, mais elles sont entrées, sous une autre forme, dans mes livres. Cette première élégie est fondatrice de ce qui suit, parce que tous ces noms de lieux qui me plaisent tant sont liés à l’enfance. Ces noms me permettent de retrouver des éléments fondateurs de mon existence. ‘’Les Couardes’’, c’est un lieu qui existe, comme tous les autres qui reviennent régulièrement, et il y a constamment des noms de lieux dans tous les volumes du Malentendu. J’ai été très longtemps un collectionneur de cartes IGN [Institut Géographique National] et je passe encore des heures à les regarder, les lire, c’est de la pure poésie une carte IGN.

J’ai déplacé le sujet vers une pseudo histoire familiale, parce qu’évidemment ce que j’écris ne reprend qu’une toute petite partie de l’histoire de la famille. Je m’amuse à coller le plus possible au réel, celui des lieux notamment, pour mieux m’en détacher, ce qui me brouille avec ma propre histoire — je ne suis plus très sûr de ce qui est vrai ou non..., ce qui pose la question du réel dans sa propre vie. Avec le temps, j’ai créé un ‘’pays’’, un résumé des lieux parfois très éloignés qui m’importent et que je réunis autour de entrelesdeuxrivières, de cette ‘’Montée des Couardes’’. Un territoire très vaste dans le monde puisqu’il va du Sénégal à la Côte d’Or en passant par la Touraine, la Petite Sologne, l’Yonne, Bordeaux…, et qui est ramené à la dimension d’un canton dans mes livres.

 

Six volumes ont paru de ce ‘’nécessaire malentendu’’. Où en es-tu aujourd’hui ?

En ce moment je travaille sur trois volumes, et tous autour de noms de lieux. L’un sera constitué de douze chapitres, sans images — le texte ici devenant l’image même —, de douze pages chacun, et chacun porte le nom d’un lieu qui m’est cher. Dans un autre volume, plutôt sous la forme d’un journal, avec des paragraphes de quelques lignes, la présence de noms de lieux est dominante. Enfin le troisième, plus ‘’poétique’’ peut-être, est une façon de restitution — de reconstitution — de noms de lieux et de familles.

Par ailleurs, je viens d’écrire un texte pour André Jolivet sur Bordeaux qui est une déambulation à partir des noms de rues et tous ces noms font sens entre eux. Dans un de mes périples dans la ville, je me suis trouvé un jour devant une ‘’Impasse de la fraternité’’ — j’en aurais pleuré... ; quel est l’imbécile qui a donné ce nom ? Et j’ai évidemment intégré ce nom, comme j’ai intitulé un livre Allée des artistes, nom qui existe dans un cimetière. À Bordeaux, on peut passer par la rue des Étrangers avant d’arriver Impasse de la Fraternité…, une impasse pour la Fraternité ça fiche un peu par terre une rue pour les Étrangers…

Tristan Hordé / Claude Chambard

Les Carnets d’Eucharis, 2016 / n° 48
16x24 ; 248 p. ;  illustré ; 19 €

Commentaires

  • Claude,

    à Saint-Etienne, nous avons une "Impasse du Progrès" (qui se perd dans les usines, pas très loin du stade...), une "Impasse de la Paix" et une "Impasse de la Franche-Amitié" (ainsi qu'une rue du même nom). Mais aussi un boulevard Karl Marx, une rue Elisée Reclus et une autre, pas loin de chez moi, qui porte le nom toujours brûlant de Louise Michel. Je songerai désormais à toi et aux noms de certains lieux bordelais en me baladant par ma ville.
    Lionel

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