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Pascal Quignard, « Poème sur les chats »

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cette page est dédiée à Lucky qui est mort cette nuit

 

 

« Ô bêtes qui avez si peu de museau,

deux narines fraîches et le corps le plus doux qui puisse se trouver dans cette contrée de la vie où je suis en train lentement de mourir,

nocturne, rêveur, pudique, vous dissimulez

jusqu’à l’urine sous le sable,

fraternels et pourtant indomesticables,

vous ne souffrez aucune définition.

 

Sans aucune définition

il faut appeler

un chat

un chat

sans aller plus avant dans le langage, que le chat ne méconnaît pas,

mais qu’il récuse.

Tellement plus singulier que les hommes, qui vivent en familles, puis en groupes, puis en nations, peuvent l’être,

vous restez seul dans votre coin,

vous restez seul sur le bord de votre toit,

sur la tuile chaude,

sur l’ardoise brûlante,

vous restez seul,

sur la marche de la cuisine,

dans le rayon que le soleil lance par hasard. »

 

Pascal Quignard

La suite des chats et des ânes

Coll. Archives, Presses Sorbonne nouvelle, 2013

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