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  • Fernando Pessoa, « Le Livre de l’intranquillité »

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    « Si notre vie pouvait se passer éternellement à la fenêtre, et si nous pouvions rester ainsi, tel un panache de fumée immobile, et vivre à jamais le même instant crépusculaire venant endolorir la courbe des collines… Si seulement nous pouvions demeurer ainsi, jusqu’au-delà de toujours ! Si au moins, en deçà de cette impossibilité, nous pouvions rester ainsi, sans commettre une seule action, ni permettre à nos lèvres pâlies de pécher d’un seul mot !

    Vois comme tout s’assombrit… Le calme positif du monde me remplit de fureur, d’une sorte d’arrière-goût qui gâche la saveur du désir… Mon âme me fait mal… Un trait de fumée s’élève et se disperse au loin… Un ennui anxieux détourne mes pensées de toi…

    Que tout est donc superflu ! Nous, le monde, et puis le mystère de l’un et de l’autre. »

     

    Fernando Pessoa (Bernado Soares)

    Le livre de l’intranquillité – volume II

    Traduit du portugais par Françoise Laye

    Présenté par Robert Bréchon

    Christian Bourgois, 1992

  • Ayukawa Nobuo, « Poèmes 1945-1955 »

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    DR

     

    « L’homme qui marche

     

    La falaise s’effondre

    Par moments sur la pente les herbes sèches frémissent

    Un peu partout dans le vaste panorama

    Par moments les fils électriques stridulent

    Debout aux confins de cette ville-là

    Allez savoir pourquoi tirer sur une simple cigarette est si bon

     

    Ce n’est qu’un chemin désolé qui se déroule

    Sous la lune diurne

    Parfois il arrive qu’un homme

    Venant de loin vers ici se rapproche

    Ce n’est rien de plus que cela

    Qui fait croire que l’automne du monde se fera plus intense

    Seul l’homme qui marche sur ce chemin de solitude assurément

    Connaît les frissons nobles et froids

     

    Tout passe

    Mais dans ce bref instant où en silence tu le croiseras

    Quelle beauté inouïe tu découvriras

    Sur le front rendu blême par la tristesse

    De l’homme vêtu des habits noirs du deuil

    Par exemple tu pourrais surprendre un remous de petites boucles de cheveux ! »

     

    Abukawa Nobuo

    Poèmes 1945-1955

    Traduction de Karine Marcelle Arneodo

    Postface de Karine Marcelle Arneodo & Olivier Gallon

    La Barque, 2017

    http://www.labarque.fr/livres18.html