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Ch’en Ying-Chen, « L’île verte »

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Montagnes vertes et nuages blancs (détail), Wu Li, vers 1650, Musée National du Palais, Taipei

 

« La bague en cloisonné

 

Liu Hsiao-ling rattrapa Chan I-hung dehors, non loin du restaurant, et lui prit le bras. Ils descendirent en silence une petite rue tranquille qui menait à une grande artère. Plusieurs fois, anxieuse, elle observa subrepticement le profil de Chan I-hung, qui regardait droit devant lui. Le rictus que la colère, la tristesse, la honte et la souffrance avaient imprimé sur son visage, alors qu’il quittait le banquet, avait déjà disparu. Il semblait fatigué, mais soulagé. Ses traits exprimaient une joie et une douceur qu’elle ne lui avait jamais vues.

Un taxi longeait le trottoir à côté d’eux, comme pour les inviter à monter. Chan I-hung fit courtoisement non de la tête. La voiture disparut. Liu Hsiao-ling regarda les feux arrières du véhicule qui s’éloignaient. Chan I-hung lui prit la main droite et passa la bague à son doigt. Liu Hsiao-ling se mit à pleurer.

– Ne pars pas, dit-il, d’une voix très posée. Viens dans mon village avec moi.

Tout en s’efforçant de retenir ses sanglots, Liu Hsiao-ling opinait sans arrêt de la tête.

– Ne pleure pas, ajouta-t-il tendrement.

Chan I-hung songea soudain à cette longue file de wagons de marchandises qu’il avait vu au passage à niveau, ce long train qui grondait dans la nuit, en partance pour le Sud, vers son village natal. »

 

Ch’en Ying-Chen

« Convoi nocturne » (1978) in L’île verte

Nouvelles traduite du chinois (Taïwan) par Anne Breuval

Bleu de Chine, 2000

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