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Salvatore Quasimodo, « Et soudain c’est le soir »

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DR

 

« Chacun reste seul sur le cœur de la terre

percé par un rayon de soleil

et soudain c’est le soir.

______________________________________

 

LE HAUT VOILIER

 

Quand venaient les oiseaux qui agitaient les feuillages

des arbres amers près de ma maison

(d’aveugles volatiles nocturnes

qui faisaient leur nid en perçant l’écorce)

je levais le front vers la lune

et je voyais un haut voilier.

 

Au bord de l’île, la mer était de sel ;

la terre s’étendait et d’antiques

coquillages luisaient accrochés aux rochers

de la rade plantée de citronniers nains.

 

Et je disais à l’amante qui portait en elle mon fils

et avait pour cela sans cesse la mer dans l’âme :

“Je suis fatigué de tous ces battements d’ailes

semblables à des coups de rame, et des chouettes

qui font hurler les chiens

quand le vent de lune souffle sur les bambous.

Je veux partir, je veux quitter cette île”.

Et elle : “Très cher, il est tard, restons”.

 

Alors je me suis mis lentement à compter

tous les reflets sur la mer

qui venaient frapper mon regard

sur le pont du haut voilier. »

 

Salvatore Quasimodo

Et soudain c’est le soir – poèmes 1920-1942

Traduit de l’italien et présenté par Patrick Reumaux

Librairie Élisabeth Brunet, 2005

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