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Jacques Dupin, « Glauque »

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DR

 

« Comme je voyageais très bas

autour des étangs de septembre

je crus la voir elle était là

béate au milieu de l’eau

la Chinoise du Malespir

 

dans l’attente lancéolée

du songe qu’elle accapare

son œil étirant mes yeux

elle rit de rien et de l’eau

je ne cesse de rajeunir

 —————————————

 

trop de feuilles   de chimères

de meurtres flottés sur l’eau

elle extasiée qui replonge

dans la plaie au fond de quoi

une écriture agonise

 

l’opéra-bouffe des grenouilles

qui languit   qui se déchirent

par la libellule et le bleu

de ses ciseaux entrouverts

au milieu pour en finir

 —————————————

 

il fait sombre j’écris bas

elle est là depuis toujours

les bulles crevant sa peau

dans le glauque du rituel

la coulisse épaisse de l’eau

 

c’est l’égrènement c’est le frai

l’accouplement le rosaire

sur la pierre lisse et le bord

de l’eau morte écartelée

par l’effervescence de l’air

 —————————————

 

ta soif ton regard bridé

et le plaisir sans mélange

d’enfanter ce que je tais

d’aspirer l’ombre de l’autre

plus loin que l’eau divisée

 

ne coassant plus en dieu

sans l’affilée de ma langue

l’inconnue de l’entre-deux

a plongé dans la démence

du foutre des monstres frais

 —————————————

 

le froid de sa cuisse ouverte

à la labilité de l’eau

elle est là depuis toujours

ma complice fantômale

une grenouille à rebours

 

de son genou dissipant

un tressaillement dans le vert

pour l’image que revêt

l’assidue des premiers ronds

de l’eau ridée de l’enfer »

 

Jacques Dupin

Chansons troglodytes

Fata Morgana, 1989

Commentaires

  • Merci, Claude.

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