UA-62381023-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ryôichi Wagô, « Jets de poèmes, dans le vif de Fukushima »

003881059.jpg

 

 

« […]

mon pays natal est un crépuscule

5 avril 2011- 22:25

 

sur la colline de chair     se dresse un château     solide     il ne s’endort jamais     sous la lumière de la lune il se fait imposant     au soleil du matin     son allure est gracieuse

5 avril 2011- 22 :31 

 

d’innombrables oiseaux     volent vers nous     amenant la saison nouvelle     les canons tonnent     annonçant la fin d’une époque     mais derrière les murailles du château     rien ne change

5 avril 2011- 22 :33

 

quand je lève la tête     le célèbre château     dresse haut son donjon     comme s’il régnait sur le monde entier     comme s’il poussait un cri     immobile     dans les flammes de l’invasion du temps     inébranlable

5 avril 2011- 22 :35

 

moi qui suis à la fois le seul maître et le serviteur    dans les galeries sombres     je dégaine mon sabre     comme un possédé     je le brandis     le jour     où je serai chassé du château     approche inévitablement

5 avril 2011- 22 :38

 

ah     c’est effroyable     tranche l’air     mets-le en charpie    nous sommes seuls au monde     toi ô toi     tu dois protéger le château     toi ô toi     tu dois être toi-même jusqu’à la folie

5 avril 2011- 22 :40

 

  

enfant qui vas à travers les prairies

5 avril 2011- 22 :54

 

sur la plante de tes pieds

5 avril 2011- 22 :54

 

 

la prière de la Terre

5 avril 2011- 22 :55

 

sur ta joue     le paisible soleil du soir

5 avril 2011- 22 :58

[…] »

 

Ryôichi Wagô

Jets de poèmes dans le vif de Fukushima

Traduit du japonais par Corinne Atlan

encres sur papier de soie Elisabeth Gérony-Forestier

Coll. Po&psy a parte, érès, 2016

https://www.editions-eres.com/ouvrage/3764/jets-de-poemes

 

Voici un livre surprenant et bouleversant de Ryôichi Wagô, poète reconnu dans son pays depuis son premier livre en 1999, After, pour lequel il a reçu le prix Nakahara Chuya. Depuis, il n’a pas cessé d’écrire et de publier. Le 11 mars 2011, lors de la catastrophe de Fukushima, où il vit, il choisit de rester dans son appartement. 5 jours plus tard il commence à tweeter ce qui va devenir ce livre – Jets de poèmes (prix de la Revue Nunc), remarquablement traduit par Corinne Atlan et subtilement accompagné d’encres sur papier de soie d’Elisabeth Gérony-Forestier. Chaque jour est accompagné d’indications concernant la catastrophe et ce qui l’entoure. Voici un court extrait, qui sans la copier respecte, autant que faire se peut, la mise en pages des éditions érès qu’il faut saluer pour ce remarquable travail d’édition. « J’avais à peine donné le nom de “jets de poèmes” à mes activités d’écriture entamées hier que l’eau est revenue chez moi. J’avais l’impression que le même sang circulait dans mes veines et dans celles de mon appartement. “Jets de poèmes”, eau qui jaillit. Cela a entrouvert les vannes de mon esprit en panne. Cela a rétabli la circulation entre moi et le monde que j’ai sous les yeux. »

Commentaires

  • Merci !

Les commentaires sont fermés.