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cinquante et un poèmes

  • William Butler Yeats, « Ma maison »

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    Thoor Ballylee, Gort, Comté de Galway, République d’Irlande

     

    « Un pont très vieux, une tour plus vieille encore,

    Une ferme à l’abri de ses murs,

    Un arpent de cailloux,

    Où peut fleurir la rose symbolique,

    De vieux ormes défaits, partout de vieilles ronces,

    Le bruit de la pluie ou le bruit

    Des quatre vents qui soufflent ;

    La poule d’eau sur ses échasses

    Qu’en pataugeant chasse

    Une douzaine de vaches

    Et qui retraverse l’eau.

    Un escalier en spirale, une voûte de pierre,

    Un âtre ouvert au manteau de pierre grise

    Une chandelle, des mots sur une page.

    C’est en des lieux semblables

    Que peina le platonicien d’Il Penseroso

    Dans un pressentiment

    Du délire sacré

    Où l’Esprit imagina le monde.

    Les voyageurs de nuit

    Retour de foire ou de marché

    Ont vu luire souvent sa chandelle à minuit.

     

    Deux hommes ont fait souche ici.

    Un homme d’armes et sa troupe de cavaliers

    Passa ses jours en ces lieux troublés,

    Connut de longues guerres, des alarmes nocturnes,

    Et finit avec le reste de ses hommes

    Comme à l’écart du monde, oublieux, oublié ;

    Et moi qui laisserai

    Aux héritiers de mon sang

    Les symboles parfaits de l’adversité

    Où s’exaltent les âmes solitaires. »

     

    William Butler Yeats

    Second mouvement de l’ensemble « Méditations du temps de la guerre civile » (1922)

    In Cinquante et un poèmes

    Traduction nouvelle et notes par Jean Briat

    William Blake & Co. Édit.

  • William Butler Yeats, « Un habit »

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    Yeats vers 1888. Dessin à la mine de plomb par John Butler Yeats

     

    « J’ai fait pour mon chant un habit

    Couvert de broderies

    Prises aux vieilles mythologies

    Des pieds jusqu’aux épaules ;

    Mais les sots me l’ont pris

    Et s’en sont vêtus aux yeux du monde

    Comme s’il était leur propre habit.

    Laisse-le leur ô, mon chant,

    Car il y a plus de courage

    A marcher dévêtu. »

     

    William Butler Yeats

    « Responsabilités » (1914) in Cinquante et un poèmes

    Traduction nouvelle et notes par Jean Briat

    William Blake & Co. Édit., 1989

  • William Butler Yeats « Cinquante et un poèmes »

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    DR

     

    « Un nid de sansonnets à ma fenêtre

     

    Les abeilles bâtissent dans les crevasses

    Entre les pierres qui se délitent et c’est là

    Que les oiseaux apportent leurs vers et leurs mouches ;

    Mon mur se délite ; abeilles à miel

    Venez bâtir dans la maison abandonnée du sansonnet.

     

    Nous avons fermé la porte, tourné la clef

    Sur notre incertitude : quelque part

    Un homme est tué, une maison brûlée

    Rien pourtant de précis, aucun fait :

    Venez bâtir dans la maison abandonnée du sansonnet.

     

    Une barricade de pierres et de bois ;

    Une quinzaine de jours de guerre civile ;

    Hier soir ils ont traîné dans son sang

    Mort sur la route ce jeune soldat :

    Venez bâtir dans la maison abandonnée du sansonnet.

     

    Nous avions nourri notre cœur de visions,

    De cette chère le cœur a fait de la violence ;

    Plus solide est notre haine

    Que notre amour : ô, abeilles à miel,

    Venez bâtir dans la maison abandonnée du sansonnet.

     

    William Butler Yeats

    « Méditations du Temps de la Guerre Civile » (1928) in Cinquante et un poèmes

    Bilingue

    Traduction de l’anglais et notes par Jean Briat

    William Blake & Co. Edit, 1989, rééd. 1998

    http://www.editions-william-blake-and-co.com/