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  • David Collin, « La grande diagonale »

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    Victor Segalen en Chine

     

    Voici un petit livre rose qui est bien plus copieux qu’il n’en a l’air. C’est que l’histoire conjointe de Victor Segalen & de David Collin est passionnante. D’une rencontre dans la boîte d’un bouquiniste avec quelques livres au début des années 2000 à la publication de ce livre, il y eut une belle & longue diagonale entre les deux écrivains avec de magnifiques évitements, de splendides bifurcations, des échecs qui sont des avancées lumineuses. Ce livre ne serait-il que cela, l’histoire d’un échec à écrire sur Segalen, qu’il serait déjà une réussite, mais, mieux, il est, sur le fil, une ouverture, un partage, une lecture, de la vie & des livres de l’auteur des Immémoriaux, de René Leys, d’Équipée, de Stèles & autres Peintures qui doivent ne jamais quitter la bibliothèque de l’honnête homme. De livre en livre, David Collin, trace sa propre diagonale qui passant par des Cercles mémoriaux se dirige Vers les confins improbables et absolument nécessaires.

     

    « La devise Segalen est un sceau chinois qui s’apparente au plan d’une ville labyrinthique. Couleur cinabre, le sceau dépose son empreinte empoisonnée sur la stèle de papier et signale aux correspondants l’origine d’une lettre, la physionomie de l’expéditeur. Le sceau rouge déploie l’étendard de l’amitié et dépose l’impérial salut.

     

    L’assemblage des caractères sigillaires doit tout au hasard. On pourrait tout aussi bien dire le contraire.

     

    Le labyrinthe est un espace de pensée.

    Le labyrinthe est une ville.

    Il est Pékin.

     

    Il est fait d’avancées, de reculées, des défilés et des portes de la Ville Impériale, qui forment le noyau, compliquent et allongent le chemin (Lettres de Chine), où déambulent Segalen et les personnages de René Leys. Il est la Cité interdite aux innombrables portes et couloirs et, par extension, la Chine entière.

    Le labyrinthe est une ramification de signes et de directions opposées qui reviennent après mille détours vers le centre de soi. Le labyrinthe est le manifeste d’une manière de progresser et de cheminer. Si la diagonale guide, donne la direction principale et la résolution sans faille qui consiste à accomplir un exploit, à ne laisser aucun obstacle entraver la route, le labyrinthe honore la ligne brisée, géographique et temporelle, les départs démultipliés, ajournés, les impasses, l’errance et le vagabondage comme secrets exercices de la liberté. Pour retrouver la ligne, échapper aux pillards et aux révolutionnaires sans perdre l’horizon à atteindre : le détour. Comme sagesse d’un voyageur qui garde la cap malgré les écarts nécessaires, qui tourne autour d’un axe de progression avec marches de crabes et spirales successives qui s’écartent et se rapprochent mais s’en vont bien plus vivement encore vers une destination lointaine.

     

    Prenez donc le chemin de la terre, méticuleusement divisé, et qui d’ailleurs, par de longs détours, conduit à peu près au même but. Victor Segalen, Peintures.  »

     

    David Collin

    La grande diagonale

    Coll. Les Singuliers, Hippocampe, 2019

    http://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=7424&menu=2

  • David Collin, « Vers les confins »

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    DR

     

    Cartographie des espaces cachés


    « La ville participe aux rêves exploratoires des espaces cachés. La phrase est une énigme. Tracée par un dormeur qui cartographie sa mémoire. Voyageant sur les plans superposés de villes d’ombres et de cités parcourues, le rêveur interprète la nuit ce que les villes lui révèlent dans les images du jour. Par apparitions successives. Tel un détective qui sait lire dans les visages comme dans les haussements d’épaules, les légères inflexions d’une nuque, le rêveur enquête et rêve à tout moment. De jour comme de nuit, il marche dans la ville, se nourrit de ce qu’il voit, de ce qu’il ne voit pas encore. Que voit-il ? Ce que personne ne regarde : fissures et lézardes, ce qui passe au loin, ce qui apparaît dans l’horizon, les détails insignifiants d’un toit, d’un chemin, l’accumulation des regards au coeur du trafic, les affiches arrachées, la présence d’objets incongrus, l’annonce d’un bouleversement infime, les mouvements chorégraphiés des passants, des gestes minuscules aux grandes enjambées, les respirations des foules, une infinité de petits évènements qui constituent la vie d’un lieu, et des innombrables lieux qui composent la ville, les plis et replis de sa propre mémoire.

    Je suis le rêveur. Je marche éveillé et somnambule, les yeux grands ouverts sur les images qui se ressemblent et s’additionnent. Les déjà-vus se répondent, les signes s’entrecroisent et disent l’inaperçu des cités, le sens caché de nos inquiétudes.

    Indices, graphes élimés, traces de mots brisés, les affiches des villes étrangères offrent quelques-uns des puzzles et des messages les plus mystérieux qui soient. Les agrégats de papiers à moitié déchirés répètent sur mille façades leurs slogans tronqués. J’y cherche quelques ressemblances, quelques signaux m’indiquant la carte secrète d’une ville que j’ai peut-être déjà en moi.

    Les murs parlent, les affichent s’étiolent. Seules subsistent les traces blanches des mots effacés par le temps, des slogans désuets. D’autres signes apparaissent. Les visages reviennent du passé, l’histoire se manifeste dans les restes d’un mot, dans les bribes d’un slogan politique, dans quelques idéogrammes menaçants, témoins d’un temps plus rigide. Mon regard s’arrête sur cette partie infirme du mystère de la ville. Quelque chose veut parler, qui n’a pas été complètement détruit. La mémoire est une respiration. Un battement secret qui surgit au coin d’une rue.

    En tous points de la cartographie, la ville trace de grandes diagonales entre les questions. Les panneaux indicateurs se télescopent, ouvrent de nouvelles énigmes. Un nom surgit, une succession de noms ouvrent des portes sur l’imaginaire. En dedans, se compose un agrégat de matières qui rebondissent et bouillonnent, écho des mystères intérieurs situés dans les zones jamais explorées de soi, mais qui trouvent pourtant là, dans le cheminement urbain et lointain du flâneur, quelques fragments de réponse.

    Lève la tête voyageur, interprète le ballet des grues, suis les fils électriques et démêle les noeuds des carrefours, marche, marche, vois les tours, les rêves démesurés et inhumains penche-toi sur l’épaule des joueurs qui sur un damier reproduisent celui des villes, remettent en jeu les courants et les circulations. Lis dans les tasses vides le destin de la journée qui vient, admire tout imprimé, tout signe qui dit la ville et les hommes qui en parlent, décide dans les graffitis et les messages gravés par les amoureux, à quelle prochaine intersection tu décideras de confier tes pensées. Les traces cruelles des vies passées, témoignent d’une absence jamais comblée. »

     

    David Collin

    Vers les confins

    Postface de Claude Chambard

    Hippocampe, 2018

    http://www.hippocampe-editions.fr/actualites/507-david-collin-vers-les-confins-recits-voyages-epiphanies-derives-chine-inde-mongolie-claude-chambard.html

  • Les voix de Jacques Roman

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    « La cruauté rôde autour de la salle de bal. La mort peut toujours s’inviter à danser. C’est là où ma position est très radicale. Je suis inquiet des discours apocalyptiques qui toujours nous renvoient à la mort comme héroïne. Le danseur ne cesse de résister, et en somme dans une période critique danse pour maintenir une flamme. Qu’est-ce qu’on peut faire sinon maintenir une flamme ? C’est aussi la figure du veilleur qui est si fréquente dans mon travail. D’ailleurs à la fin des Lettres à la cruauté, il y a une adresse qui permet de renvoyer la cruauté dans les cordes. Ne pas céder au désespoir, ne pas céder aux sirènes apocalyptiques. C’est difficile de nos jours, si on lit le journal, si on écoute les informations, les propagandes… Des esprits faibles, il y en a beaucoup, et ils sont tentés de sombrer en passant notamment par la peur, et la peur étrangement les fait suivre le loup jusque dans la forêt. Quand je pense au loup, je pense au nationalisme, au totalitarisme. Les forces, les outils que nous avons pour résister, c’est aussi la joie, l’attention aux autres, c’est l’écriture, bien sûr, être en état de perception. »

     

    Jacques Roman

    Extrait d’un entretien avec David Collin

    In Les voix de Jacques Roman

    Études, dialogues, inédits récents.

    Sous la direction de Doris Jakubec, Fanny Mossière et David Collin

    L’Âge d’Homme, 2015

  • « Tout dort en paix, sauf l'amour » sur la Radio Télévision Suisse

    Chers amis,
    Demain, lundi 18 novembre de 11h à 12h, je serai invité sur la Radio Télévision Suisse par David Collin dans l’émission “Entre les lignes” à propos de Tout dort en paix, sauf l’amour qui a paru début octobre au bleu du ciel et sur l’ensemble du Nécessaire malentendu et de son incise de l’an dernier Cet être devant soi aux éditions Æncrages & Cie avec des encres d’Anne-Flore Labrunie.
    Pour ceux qui ne pourraient écouter en direct on peut podcaster.
    Bon dimanche

    http://www.rts.ch/espace-2/programmes/entre-les-lignes/5346128-entre-les-lignes-du-18-11-2013.html

     

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  • David Collin, « Les cercles mémoriaux »

    david collin, les cercles mémoriaux, l'escampette

    David Collin, Chauvigny, 20 ans de L'Escampette, 4 mai 2013 © CChambard

     

    « “Avec celui qu’on a décidé de devenir… ” Cette phrase tourna longtemps dans ma tête. Quelque chose m’attendait, c’était là, ça perçait, ça gravitait autour de moi avant de poursuivre son chemin, avant de creuser plus loin.

    Et puis tout a disparu.

    Je me suis réveillé dans un monde nouveau, aux côtés d’un homme que je ne connaissais plus. Moi-même, dépouillé de tout ce que j’avais reconstruit. Je me transformais. Je m’interrogeais sur le passé. Je me métamorphosais en me retournant sur l’inconnu que j’étais devenu.

    Depuis que des bribes de mémoire étaient apparues, j’effectuais un double mouvement de perte et de retrouvailles. Dans une danse alternée. Au fil de mon immersion, deux images ou deux idées de moi-même, de ma personnalité se superposaient. Celui que j’avais été autrefois reprenait peu à peu sa place. Il s’infiltrait de partout, il menaçait. Mais s’agissait-il vraiment d’une menace ? J’avais deux missions. Résoudre les contraires, et concilier celui que j’avais été avec celui que je devenais — et qui n’était pas étranger à celui qui avait été. Des mouvements circulaires et parfois contradictoires balayaient mon esprit en tous sens. Ils parcouraient l’espace à la recherche d’un objet perdu.

    Comment retrouver ce qu’on ne connaît pas ? »

     

    David Collin

    Les Cercles mémoriaux

    L’Escampette, 2012

     

    Vingt-deuxième page pour fêter les vingt ans de L’Escampette