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dorothée volut

  • Dorothée Volut, « Poèmes premiers »

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    DR

     

    « Parfois une journée à vivre vaut mieux qu’un poème.

    Écrire le soir après avoir rangé sa barque, suffit.

     

    Je comprends tout ce que tu dis sans le voir,

    à cause de ta présence contre laquelle tu ne peux rien.

     

    Alors, ne peux rien, ne peux rien.

     

    Ne fais pas de la vie un puzzle, car elle ne l’est pas.

    On dirait que tu demandes :

    pourquoi y a-t-il une table et nous réunis autour.

    Le jour où tu auras une vache pour te répondre, je te le souhaite.

    Si parler c’est pour autre chose,

    alors vivre c’est pour quoi à la place ?

     

    Le soir, le poème est dans l’air avec tous nos problèmes.

    C’est peut-être exagéré de le dire comme ça,

    mais j’aimerais tellement faire quelque chose de différent

    pour t’aider à comprendre.

     

    Tu sais, je n’amenuiserai jamais la source.

     

    Revenue vers les balles de foin, quand il me faut fermer la serre,

    enrouler le tuyau, bloquer la porte avec une pierre

    et que j’aperçois au bout du tunnel

    le troupeau des montagnes en ombres chinoises,

    je me sens tricotée par deux grandes aiguilles

    d’une laine enfantine. La terre me porte.

     

    Quelle forme prendra la parole, si je ne sais pas la dire ?

     

    Métaphysique, répond la marchande.

     

    Eh bien alors, fais-le. »

     

    Dorothée Volut

    Poèmes premiers

    Éric Pesty éditeur, 2018

    http://www.ericpestyediteur.com/index.htm

  • Dorothée Volut, « À la surface »

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    « TOUT A BRÛLÉ. La seule justification est la jouissance de l’écriture, et les cendres dans vos cheveux. L’ornement est un geste qui se souvient de l’air. La différence mûrit. On ne pose aucune main — cela dépend des moments, agir. Et ce n’est pas mendier que recopier son chemin. Ainsi parlant, on continue de filer les tissus. Téméraire et bravant l’orage, on dit : Je me vêtirai demain, après la transparence. La chose étrange de vouloir continuer.

     

     

    ­­

    TU OUVRES DES LIVRES EN DÉSESPOIR DE CAUSE : faire des phrases. Mère, je ne suis pas le contraire de toi. Au final tu restes fixe, menue, sédimentaire, acoustique. Les lettres ne s’agglutinent pas. Laisse la maison ouverte comme ça. Voilà les clés. Le mur est ton décor pour une nuit. Je ou Qui repense chaque instant vécu. Le vent est tombé dans les marges. Sur la grève on a jeté des seaux d’eau salée, c’est l’heure de la souplesse pour les armures. Dans l’obscurité, on aperçoit la masse des rochers rendus à leur nudité. La mer ne laisse aucune trace : elle agite le temps sans donner de réponse. Cessez de m’écrire, crie quelqu’un. »

     

     Dorothée Volut

     À la surface

     Éric Pesty Éditeur, 2013