samedi, 06 juin 2020
Emily Dickinson, « Il est une fleur… »
« Il est une fleur que l’Abeille préfère —
Et que le Papillon — désire —
À gagner cette Pourpre Démocrate
Le Colibri — aspire —
Et Tout Insecte qui passe —
Emporte du Miel
À proportions de ses besoins divers
Et de ce qu’elle — contient —
Son visage est plus rond que la Lune
Et plus vermeil que la Robe
De l’Orchis dans la Prairie —
Ou du — Rhododendron —
Elle n’attend pas Juin —
Avant que le Monde soit Vert —
On voit — affronté au Vent —
Son robuste petit Corps
Disputer à l’Herbe —
Sa proche Parente —
Le don de la Motte et du Soleil —
Doux Plaidants pour la Vie —
Et quand les Collines sont garnies —
Qu’éclosent les modes nouvelles —
Ne soustrait pas la moindre épice
Dans un accès de jalousie —
Son Public — est Midi —
Sa Providence — le Soleil —
Son progrès — l’Abeille — le proclame —
En Musique Soutenue — royale —
La plus Vaillante — de la Foule —
Elle se rend — en dernier —
Ignorant même — sa Défaite —
Quand l’annule le Gel — »
Emily Dickinson
Y aura-t-il pour de vrai un matin — cahier 31
Bilingue
Traduit et présenté par Claire Malroux
Coll. « Domaine romantique », José Corti, 2008
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lundi, 27 avril 2020
Emily Dickinson, « Fais-moi un tableau de soleil »
« Fais-moi un tableau du soleil —
Que je l’accroche dans ma chambre.
Et fasse semblant de me réchauffer
Quand les autres s’écrieront “Jour” !
Dessine-moi un Rouge-gorge — sur une tige —
À l’entendre, je rêverai,
Et quand les Vergers ne chanteront plus —
Rangerai — mon simulacre —
Dis-moi s’il fait vraiment — chaud à midi —
Si ce sont des Boutons d’or — qui “voltigent” —
Ou des Papillons — qui “fleurissent” ?
Puis — omets — le gel — sur la prairie —
Omets la Rousseur — sur l’arbre —
Jouons à ceux-là — jamais n’adviennent ! » 1861
Emily Dickinson
Y aura-t-il pour de vrai un matin ?
Traduit et présenté par Claire Malroux
Domaine Romantique, José Corti, 2008
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dimanche, 15 mai 2016
Emily Dickinson, « Y aura-t-il pour de vrai un matin »
« Je n’oserais pas quitter mon ami,
Parce que — parce que s’il venait à mourir
Pendant mon absence — et que — trop tard —
J’atteigne le Cœur qui me désirait —
Si j’allais désappointer les yeux
Qui fouillaient — fouillaient tant — du regard —
Et ne pouvaient supporter de se clore
Avant de m’“apercevoir” — de m’apercevoir —
Si j’allais poignarder la foi patiente
Si sûre de ma venue — de ma venue –
Qu’écoutant — écoutant — il s’endormirait —
En prononçant mon nom attendu —
Mon Cœur souhaiterait s’être brisé plus tôt —
Car se briser alors — se briser alors —
Serait aussi vain que le soleil du lendemain —
Là où étaient — les gels nocturnes ! » (1861)
Emily Dickinson
Y aura-t-il pour de vrai un matin
Traduit et présenté par Claire Malroux
Corti, 2008
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lundi, 19 novembre 2012
Emily Dickinson, Quatre quatrains & deux distiques
En préparant des rencontres au Collège Jean-Monnet de Bénévent-l’Abbaye
L’amour mesure à son échelle — seule —
“Grand comme moi” — situe le Soleil
Pour Qui n’en a jamais senti l’éclat —
Il est le seul à sa ressemblance —
* * *
Dépendre du Ruisseau
Serait absurde pour la Source —
Que le Ruisseau — renaisse du Ruisseau —
Mais la Source — du Sol toujours sûr
* * *
L’Énigme qu’on devine
Bien vite on la méprise —
Rien ne s’évente aussi longtemps
Que d’Hier la Surprise —
(Lettre à T.W. Higginson)
* * *
Le matin, qui ne vient qu’une fois,
Envisage de revenir —
Deux Aubes pour un Seul Matin
Donne un prix soudain à la Vie —
(À Mabel Todd)
* * *
Toutes choses balayées
Voilà — l’immensité —
(Lettre à T.W. Higginson)
* * *
Une Lettre est une joie de la Terre —
Elle est refusée aux Dieux —
(Lettres à Mr et Mrs Loomis et Charles Clark)
Emily Dickinson
Quatrains et autres poèmes brefs
Traduction et présentation de Claire Malroux
Poésie / Gallimard n°348, 2000
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