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emily dickinson

  • Emily Dickinson, « Je ne l’ai pas encore dit à mon jardin… »

    emily dickinson,je ne l'ai pas encore dit à mon jardin,claire malroux,car l'adieu,c'est la nuit,gallimard

     

    « Je ne l’ai pas encore dit à mon jardin –

    De peur d’y succomber.

    Je n’ai pas tout à fait la force à présent

    De l’apprendre à l’Abeille –

     

    Je ne le nommerai pas dans la rue

    Les boutiques me dévisageraient –

    Qu’un être si timide – si ignorant

    Ait l’aplomb de mourir.

     

    Les collines ne doivent pas le savoir –

    Où j’ai tant vagabondé –

    Ni révéler aux forêts aimantes

    Le jour où je m’en irai –

     

    Ni le balbutier à table –

    Ni sans réfléchir, au passage

    Suggérer que dans l’Énigme

    Quelqu’un en ce jour marchera – »

     

    Emily Dickinson

    Car l’adieu, c’est la nuit

    Choix, traduction et présentation de Claire Malroux

    Poésie / Gallimard, 2000

    Pour ce 15 mai 1886.

  • Emily Dickinson, « Il est une fleur… »

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    « Il est une fleur que l’Abeille préfère —

    Et que le Papillon — désire —

    À gagner cette Pourpre Démocrate

    Le Colibri — aspire —

     

    Et Tout Insecte qui passe —

    Emporte du Miel

    À proportions de ses besoins divers

    Et de ce qu’elle — contient —

     

    Son visage est plus rond que la Lune

    Et plus vermeil que la Robe

    De l’Orchis dans la Prairie —

    Ou du — Rhododendron —

     

    Elle n’attend pas Juin —

    Avant que le Monde soit Vert —

    On voit — affronté au Vent —

    Son robuste petit Corps

     

    Disputer à l’Herbe —

    Sa proche Parente —

    Le don de la Motte et du Soleil —

    Doux Plaidants pour la Vie —

     

    Et quand les Collines sont garnies —

    Qu’éclosent les modes nouvelles —

    Ne soustrait pas la moindre épice

    Dans un accès de jalousie —

     

    Son Public — est Midi —

    Sa Providence — le Soleil —

    Son progrès — l’Abeille — le proclame —

    En Musique Soutenue — royale —

     

    La plus Vaillante — de la Foule —

    Elle se rend — en dernier —

    Ignorant même — sa Défaite —

    Quand l’annule le Gel  — »

     

    Emily Dickinson

    Y aura-t-il pour de vrai un matin cahier 31

    Bilingue

    Traduit et présenté par Claire Malroux

    Coll. « Domaine romantique », José Corti, 2008

    https://www.jose-corti.fr/titres/y-aura_il-un-matin.html

  • Emily Dickinson, « Fais-moi un tableau de soleil »

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    « Fais-moi un tableau du soleil —

    Que je l’accroche dans ma chambre.

    Et fasse semblant de me réchauffer

    Quand les autres s’écrieront “Jour” !

     

    Dessine-moi un Rouge-gorge — sur une tige —

    À l’entendre, je rêverai,

    Et quand les Vergers ne chanteront plus —

    Rangerai — mon simulacre —

     

    Dis-moi s’il fait vraiment — chaud à midi —

    Si ce sont des Boutons d’or — qui “voltigent” —

    Ou des Papillons — qui “fleurissent” ?

    Puis — omets — le gel — sur la prairie —

    Omets la Rousseur ­— sur l’arbre —

    Jouons à ceux-là — jamais n’adviennent ! » 1861

     

    Emily Dickinson

    Y aura-t-il pour de vrai un matin ?

    Traduit et présenté par Claire Malroux

    Domaine Romantique, José Corti, 2008

    https://www.jose-corti.fr/auteurs/dickinson.html

  • Emily Dickinson, « Y aura-t-il pour de vrai un matin »

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    « Je n’oserais pas quitter mon ami,

    Parce que — parce que s’il venait à mourir

    Pendant mon absence — et que — trop tard —

    J’atteigne le Cœur qui me désirait —

     

    Si j’allais désappointer les yeux

    Qui fouillaient — fouillaient tant — du regard —

    Et ne pouvaient supporter de se clore

    Avant de m’“apercevoir” — de m’apercevoir —

     

    Si j’allais poignarder la foi patiente

    Si sûre de ma venue — de ma venue –

    Qu’écoutant — écoutant — il s’endormirait —

    En prononçant mon nom attendu —

     

    Mon Cœur souhaiterait s’être brisé plus tôt —

    Car se briser alors — se briser alors —

    Serait aussi vain que le soleil du lendemain —

    Là où étaient — les gels nocturnes ! » (1861)

     

    Emily Dickinson

    Y aura-t-il pour de vrai un matin

    Traduit et présenté par Claire Malroux

    Corti, 2008

  • Emily Dickinson, Quatre quatrains & deux distiques

     En préparant des rencontres au Collège Jean-Monnet de Bénévent-l’Abbaye

     

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    L’amour mesure à son échelle — seule —

    “Grand comme moi” — situe le Soleil

    Pour Qui n’en a jamais senti l’éclat —

    Il est le seul à sa ressemblance —

     

    * * *

     

    Dépendre du Ruisseau

    Serait absurde pour la Source —

    Que le Ruisseau — renaisse du Ruisseau —

    Mais la Source — du Sol toujours sûr

     

    * * *

     

    L’Énigme qu’on devine

    Bien vite on la méprise —

    Rien ne s’évente aussi longtemps

    Que d’Hier la Surprise —

    (Lettre à T.W. Higginson)

     

    * * *

     

    Le matin, qui ne vient qu’une fois,

    Envisage de revenir —

    Deux Aubes pour un Seul Matin

    Donne un prix soudain à la Vie —

    (À Mabel Todd)

     

    * * *

     

    Toutes choses balayées

    Voilà — l’immensité —

    (Lettre à T.W. Higginson)

     

    * * *

     

    Une Lettre est une joie de la Terre —

    Elle est refusée aux Dieux —

    (Lettres à Mr et Mrs Loomis et Charles Clark)

     

     

    Emily Dickinson

    Quatrains et autres poèmes brefs

    Traduction et présentation de Claire Malroux

    Poésie / Gallimard n°348, 2000