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granit

  • Gérard Manley Hopkins, « Inversnaid »

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    « Ce ruisseau sombre d’un brun croupe-de-cheval

    Qui dévale sa grand’route et rugissant roule des rocs,

    Dans la crique et la combe plisse sa toison d’écume

    Et tout en bas au creux du lac tombe en sa demeure.

     

    Un béret de mousse fauve bourré-de-vent

    Virevolte et se défait à la surface du brouet

    D’un étang si noir-de-poix, farouche et menaçant

    Qu’il touille et touille le Désespoir pour le noyer.

     

    Imbibés de rosée, bariolés de rosée, voici

    Les replis des coteaux où le torrent s’encaisse,

    Les rêches touffes de bruyère, les bosquets de fougères,

    Et le joli frêne perlé penché sur le ruisseau.

     

    Qu’arriverait-il au monde, s’il se voyait ravir

    L’humide et le sauvage ? Qu’ils nous soient donc laissés,

    Oh ! qu’ils nous soient laissés, le sauvage et l’humide,

    Que vivent encor longtemps herbes folles et lieux sauvages ! »

     

    Gérard Manley Hopkins

    Grandeur de dieu et autres poèmes (1786-1889)

    Traduits de l’anglais par Jean Mambrino

    Préface de Kathleen Raine

    Granit, 1980

  • David Gascoyne

    Fête

     

     

    Après avoir eu longtemps soif du ciel, c’était le ciel,                 

    Ce lac d’éther ; vaste voûte azurée,

    Intense étendue entre les bords de l’horizon !

    Sur les quais

    Les fenêtres ouvertes brillaient comme des ailes,

    Tissant de longs rayons parmi les arbres sans feuilles ;

    Les sirènes des chalands à la dérive chantaient,

    Et la journée entière

    Buvait le cours fertile du ciel.

     

    Et dans les faubourgs de la ville

    Où les dernières bâtisses portent leur regard vide

    À travers les terrains vagues, où des ruisseaux rouilleux

    Parmi des carrés bruns de sol élimé

    Poursuivent leur infiltration, un train sauvage

    Se ruait dans une traverse avec des cris de triomphe,

    Lâchant des banderoles d’épaisses fumée en tourbillons

    Qui montaient et restaient suspendus, pressentiments, dans l’air…

     

    Encore une fois la terre, son âme enfouie ranimée,

    Aspirait à la splendide explosion de l’Été

    Ainsi qu’à une mort illustre.

     

    Paris, 1938

     

    1284848809_20f71abeca.jpgDavid Gascoyne

    Misere

    Traduit de l’anglais par François Xavier Jaujard

    Granit, 1989