UA-62381023-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

hors de la colline

  • Vadim Kozovoï, « Hors de la colline »

    8890420715.jpg

    litographie de Henri Michaux

     

     

    « Entre deux points de douleur, la poésie est la voie la plus courte. Courte tellement qu’à son coup solitaire tombe décapité le temps.

     

     

    Il reste

     

    Seul mon pin qu’il soit près de ta montagne

    les ailes rognées ni ne tourne la tête

    limpide est sans cils la merveille citadelle

    aux aiguilles des yeux en coulisse de colombe

    est-ce au fils de bâtir par vallées décrépites ?

    leurs saisons s’enlisent et leur siècle croule…

    ériger à nouveau sous l’orage proche ?

    les lointains on y touche foules se resserrent…

    si tant est vu tordu dilapidé en miettes

    filouté flûté tout sauf la limpide

    près de la montagne seul mon pin reste

    sans tourner les yeux au passé quittes

    à scruter quelle merveille et rien tête à dire

    rien de plus aux ailes rognées au cimeterre

     

     

    Ton aile

     

    Aile de hölderlin en détresse flottant par sa propre seule faute d’illimité

    d’une faille timide m’a effarouché au point de l’aube l’argileuse fente

    car la veille au soir dans les purs-étangs nous avions moi et mioche mon petit

    vu un hippopotame tenter ivre noir d’abreuver un cygne plus noir vêtu

    fut verdâtre la brute aux souliers tordus qui sous hardes sans indices d’âge

    étirait à bleuir craquelées serrant les babines au nuage frissonneux de sang

    que son âme à vau-l’eau de s’ouvrir transie pourchassait au loin bouche volcanique

    et souffrait de la noire inaccessibilité du bec noir sous la tienne seule en détresse »

     

    Vadim Kozovoï

    Hors de la colline

    Version française de l’auteur avec la collaboration de Michel Deguy et de Jacques Dupin

    Illustrations de Henri Michaux

    Postface de Maurice Blanchot

    Hermann, 1984