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yang wan li

  • Yang Wan li, « cinq poèmes autour la poésie »

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    « Froid tardif composé devant les narcisses sur le lac de montagne*

     

    pour forger un poème, on ne saurait se passer du fourneau et du marteau

    mais si le poème s’accomplit, ce n’est pas seulement grâce à eux

    le vieil homme ne cherche pas le poème

    c’est le poème qui cherche le vieil homme

     

    Lire des poèmes

     

    dans la jonque ma seule occupation est de lire des recueils de poèmes

    j’ai fini de lire les poèmes des Tang, je lis maintenant Wang An-shih**

    ne dites pas que le matin le vieillard ne mange pas

    les quatrains de Wang An-shih sont mon petit déjeuner

     

    Dans l’éclaircie au milieu de la neige, près de la fenêtre ouverte j’ouvre un recueil de poèmes Tang et y trouve un pétale de fleur de pêcher, qui me laisse songeur

     

    au hasard j’ouvre un livre de poèmes, ce matin devant la fenêtre de neige

    dedans, un pétale de fleur de pêcher, encore frais

    je me souviens d’avoir emporté ces poèmes pour lire sous les fleurs

    c’était au printemps, bientôt une année déjà

     

    Ajoutant de l’eau dans le bassin des roseaux aromatiques et des narcisses

     

    mes vieux poèmes que je relis sont de nouveau frais

    une fois la lecture finie, fatigué je bâille et m’étire

    ces innombrables plantes dans le bassin se plaignent d’avoir soif

    mais le vieil homme a pour projet d’être un homme paresseux

     

    Poème en réponse à Lu Yu***

     

    enchaîné à ma fonction, du printemps je ne puis profiter

    ma barbe éclaircie est devenue comme de la neige

    au milieu des nuages je fréquente le poète

    oubliant les affaires, notre entente est parfaite

    si en vieillissant mes poèmes s’émoussent,

    grâce à ton talent tes vers sont toujours impeccables

    toute ma vie j’ai été ballotté,

    mon écriture vaut-elle encore grand-chose ? »

     

    * Une dizaine de jours avant le nouvel an, on installe un bulbe de narcisse dans une bassine d’eau (le lac) avec un caillou (la montagne). Le jour du nouvel an, les narcisses sont en fleurs.

    ** Wang An-shih (1021-1086), poète et homme d’état de la dynastie Song du nord

    *** Lu Yu (733-804), poète de la dynastie Tang

     

    Yang Wan li – 1127-1206

    Le son de la pluie

    Poèmes choisi et traduits du chinois par

    Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 1988, 2008, 2017

    http://www.moundarren.com/poeteschinois/yangwanli

  • Yang Wan li, « Le soir assis dans le studio baptisé “de l’Art de gouverner sans interférer avec le peuple” »

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    « porte fermée, je reste assis, mal à l’aise

    j’ouvre les fenêtres pour faire rentrer une légère fraîcheur

    la forêt cache le soleil

    mon fils broie de l’encre d’un émeraude lumineux

    spontanément ma main cherche mes recueils de poèmes

    je fredonne doucement plusieurs poèmes

    au début cela me réjouit

    puis soudain je ressens de la tristesse

    j’abandonne le recueil, impossible de lire plus longtemps

    je me lève et marche autour de mon siège

    les anciens avaient des griefs hauts comme une montagne

    mon cœur est tranquille comme un fleuve

    si je suis si différent d’eux,

    pourquoi me brisent-ils les entrailles à ce point ?

    mon émotion passée, je me mets à rire

    une cigale hâte le soleil couchant »

     

    Yang Wan li

    Le son de la pluie

    Poèmes choisi et traduits du chinois par

    Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 1988, 2008, 2017

    http://www.moundarren.com/poeteschinois/yangwanli

  • Yang Wan Li, « Dans la chaleur de midi, je monte au Kiosque de la Récolte abondante »

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    Shen Zhou, 1427-1509. Musée du Palais, Pékin

     

    « dans la maison basse, la canicule, impossible de rester

    dans le haut kiosque, d’air frais il n’y a pour ainsi dire pas

    si le petit vent n’est pas entièrement avalé par les cigales,

    un peu de fraicheur arrivera peut-être jusqu’au vieillard »

     

    Yang Wan Li – 1127-1206

    Le son de la pluie

    Poèmes traduits du chinois par Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 1988

    http://www.moundarren.com/poeteschinois/yangwanli

  • Yang Wan Li, « Pour remercier Wu Te hua, commissaire du thé de Chian chow, qui m’a envoyé une nouvelle édition d’un recueil de Su Tung po* »

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    Ma Yuan (actif 1190-1225), Promenade sur un sentier de montagne au printemps (détail), peinture, encre et couleurs sur soie. Musée du Palais, Taipei

     

    « L’or jaune, le jade blanc, des perles claires comme la lune, des chansons limpides, des danses merveilleuses, une jeune beauté à renverser une ville, les autres ont tout cela, moi seul n’ai rien. Comme Hsiang yu** je n’ai que quatre murs pour m’entourer. À part cela j’ai aussi une étagère de livres. Si elle ne suffit à me rassasier, au moins elle rassasie les termites argentés. Un vieil ami au loin vient de m’envoyer un recueil de Tung po. Les vieux livres quittent tous la natte pour lui céder la place. Quand j’étais enfant, espiègle, pour les cent choses je n’étais pas paresseux, mais quand il s’agissait d’étudier, exprès je me levais tard. Mon père se fâchait, blâmait son fils sot et m’ordonnait, l’estomac affamé, de dévorer de vieux livres abimés. Avec la vieillesse pour les dix mille choses je suis à la traîne derrière les autres. Quand avec nonchalance je prends un vieux livre pour occuper mes yeux malades, dès qu’ils rencontrent le livre mes yeux malades se brouillent. Les caractères gros comme des mouches deviennent de vieux corbeaux. Mes yeux malades, que peuvent-ils donc faire avec de vieux livres ? Quand je feuillette un vieux livre, tout le temps je soupire. Ce recueil de Tung po je l’ai déjà, mais avant d’arriver au dernier chapitre ma main s’arrête. L’encre est imprimée de façon floue, le papier n’est pas bon. Ni bon papier, ni bonne calligraphie. Mais le texte vient d’être gravé sur du bois de jujubier de Fu sha. La gravure fidèle, vigoureuse et svelte ne trahit pas l’original. Le papier est comme un cocon de couleur de neige qu’on sort d’une bassine de jade, les caractères comme le dessin des oies sauvages du givre sur les nuages d’automne. Avec la vieillesse mes deux yeux voient comme à travers le brouillard, quand ils croisent des saules, quand ils croisent des fleurs, ils ne les remarquent même pas. Mais chaque fois qu’il croisent un beau livre neuf, toute la journée ils l’apprécient, ne veulent plus le quitter. Tung po est encore plus fou que moi, il a refusé d’échanger sa veste de toile grossière pour devenir l’un des trois ministres. De son pinceau surgit un langage étonnant, à balayer les chevaux ordinaires de dix mille générations. Vieil ami, tu t’apitoies, comme en vieillissant je deviens plus obtus, au lieu de m’envoyer un élixir pour soigner mes os malades, tu m’envoies ce livre pour me bousculer un peu. Je gratte ma tête blanche jusqu’à ce que la lampe bleue s’éteigne. »

     

    * Poète, peintre, 1037-1101

    ** Chef militaire de la fin de la dynastie Qin, 232-202 av. J.-C. Selon la légende il se serait décapité lui-même.

     

    Yang Wan Li

    Le son de la pluie

    Traduit du chinois par Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 1988

    http://www.moundarren.com/poeteschinois/yangwanli

  • Yang Wan Li, « Dans la Barque sous la neige, fatigué je m’endors »

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    « J’ai construit un petit studio, de la forme d’une barque, aussi l’ai-je appelé la Barque du pêcheur sous la neige. Aujourd’hui j’y étudie, fatigué m’endors. Brusquement le vent entre dans la pièce, remue dans le vase les fleurs de prunier si parfumées. Réveillé en sursaut, je compose ce poème.

     

    une petite chambre, la fenêtre claire, la porte à moitié fermée

    lisant un livre je m’endors, tout engourdi

    impudentes les fleurs de prunier me dérangent

    exprès elles dégagent leur parfum pour briser mon rêve »

     

    Yang Wan Li – 1127-1206

    Le son de la pluie

    Poèmes traduits du chinois par Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 1988

    http://www.moundarren.com/poeteschinois/yangwanli