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Saint Augustin

472691921.jpg« 28. Du fond le plus secret de moi-même, mes lourdes pensées ont ramené toute la misère possible qu’elles avaient accumulée sous les regards de mon cœur. Un énorme ouragan s’est levé, provoquant une énorme pluie de larmes. Je me suis écarté d’Alypius pour laisser libre cours au fracas des larmes. J’avais besoin d’être seul pour le travail des larmes. Et je me suis éloigné pour ne pas être gêné par sa présence. Il comprit dans quel état j’étais. Oui, j’avais dû dire, je crois, je ne sais quoi d’une voix nouée de pleurs. Je me suis levé. Il est resté assis. Complètement abasourdi.
Je suis allé me jeter, je ne sais comment, sous un figuier. Ne contrôlant plus mes larmes. Elles ont débordé et jailli de mes yeux. Tu as reçu ce sacrifice, et j’ai parlé, parlé, pas exactement en ces termes, mais j’ai dit quelque chose comme : et toi, Seigneur, quand ? quand, Seigneur, la fin de ta colère ? ne te rappelle pas nos crimes anciens. Car je sentais bien que c’est eux qui me retenaient. Je jetais des cris malheureux. Encore combien de temps ? encore combien de temps ? demain ! demain ! pourquoi pas tout de suite ? pourquoi ne pas en finir sur l’heure avec toutes mes saloperies ?

29. Mes mots, mes pleurs, dans la terrible amertume de mon cœur brisé. J’entends alors une voix depuis la maison voisine. Un chant répétitif et récurrent. Une voix d’enfant, garçon ou fille, je ne sais plus. Attrape et lis. Attrape et lis. Aussitôt mon visage a changé. Perplexe. Était-ce une rengaine quelconque que les enfants avaient l’habitude de chanter en jouant? Non. Ça ne me disait rien. J’ai refoulé mes larmes et je me suis redressé. Ne doutant pas qu’il s’agissait d’un ordre divin qui me demandait d’ouvrir le codex et de lire le premier chapitre sur lequel je tomberais. J’avais entendu dire qu’Antoine, au hasard de la lecture de l’évangile, en avait retiré un avertissement, comme si ce qui était lu alors lui avait été adressé. »
Saint Augustin
Les Aveux, chapitre VIII
Traduction par Frédéric Boyer
P.O.L, 2008

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