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  • goodbye and take it easy, Raymond & wish me luck…

    chapo_federman.jpgRaymond Federman, né en 1928 à Paris, est mort le 6 octobre 2009 à San Diego en Californie.

    « alors voilà, maintenant tu sais tout, et aujourd’hui c’est la dernière fois qu’on se voit, mais avant qu’on se quitte tu veux bien me dire ton nom, on ne sait jamais, peut-être que j’aurai encore besoin de toi dans l’avenir proche pour une autre histoire, tu me le dis ton nom…

    quoi, ton nom c’est Féderman, c’est pas vrai, ah ça c’est drôle, quelle coïncidence, je connais un mec en Amérique qui s’appelle comme ça, Federman, mais sans accent, un drôle de phénomène, un gambler, je veux dire un mec qui joue tout le temps, un joueur quoi, lui aussi un Juif rescapé de l’impardonnable énormité, peut-être que vous êtes cousins, on ne sait jamais, ce mec-là il dit toujours que d’être un survivant c’est une joie, survivre ne doit jamais te rendre triste, au contraire ça te libère de toutes responsabilités, moi je ne suis pas d’accord avec lui, et je lui ai même expliqué une fois que mon rôle, si j’en ai un à jouer, en tant que survivant, ici, là-bas, n’importe où je vais, dans les villes, les pays, les livres que j’écris ou que j’écrirai, c’est de redonner un peu de dignité à ce qui a été humilié par l’impardonnable énormité…

    bon eh bien, voilà, je te dis au revoir, mais avant qu’on se quitte il faut quand même que je te demande quelque chose, dis-moi, est-ce que c’est moi qui dois te payer pour t’avoir raconté mes histoires, ou bien est-ce que c’est toi qui dois me payer pour m’avoir écouté…

    quoi, c’est gratuit, personne paye, ah ça c’est vachement bien, ah si c’est bath, mes histoires sont gratuites, alors voilà ça y est, je te laisse…

    tiens viens ici qu’on s’embrasse pour se dire au revoir…

    goodbye and take it easy mon vieux, et comme on dit toujours en Amérique quand quelqu’un s’en va, wish me luck… »


    la Fourrure de ma tante Rachel
    Laureli/Leo Scheer 2009



    Parmi les monstres, éditions Millas-Martin, 1967
    Amer Eldorado, Stock, 1974
    Samuel Beckett, Les Cahiers de l’Herne, 1976
    La Flèche du Temps, Circé, 1991 et 1998
    La Fourrure de ma tante Rachel, Circé, 1996, rééd Al Dante, 2003, rééd, Laureli/Leo Scheer, 2009
    La Voix dans le débarras / The Voice in the closet, Les Impressions nouvelles, 2002, rééd. 2009
    Amer Eldorado 2/001, Al dante/Léo Scheer, Paris, 2003
    À qui de droit, Éditions des écrivains, Paris, 2003, rééd. Al dante, 2006
    Future concentration, Le Mot et le reste, 2003
    Ici & Ailleurs, Le Mot et le reste, 2003
    Le Crépuscule des clochards, avec Georges Chambers, Le Mot et le reste, 2004
    Sonate d’amour insolite, Point de Fuite, 2004
    Moinous & Sucette, Al Dante, 2004
    Mon corps en neuf parties, Al dante/Léo Scheer, 2004
    Quitte ou double, Al dante/Léo Scheer, 2004
    Retour au fumier, Al Dante, 2005
    L’Extatique de Jule et Juliette, Le Mot et le reste, 2005
    Elle est là, avec Mathias Pérez, Carte blanche, 2006
    Surfiction, Le Mot et le reste, 2006
    Le Livre de Sam (ou) Des pierres à sucer plein les poches, Al dante, 2006
    À qui de droit, Al dante, 2006
    Coups de pompe, Le Mot et le reste, 2007
    Chair jaune, avec des craductions de Pierre Le Pilloüer, le bleu du ciel, 2007
    À la queue leu leu, Cadex, 2008
    Chut, Laureli/Léo Scheer, 2008
    Les Carcasses, Laureli/Léo Scheer, 2009

    Vivement conseillé : Federman hors limites, entretiens avec Marie Delvigne, Argol, 2008

    http://www.raymondfederman.blogspot.com/
    http://www.federman.com/
    http://www.leoscheer.com/spip.php?page=laureli

  • Gérard Bobillier

    Bob002.jpgPierre Michon vient de le dire à l'instant sur France Cuture, Gérard Bobillier, notre cher Bob, vient de mourir. Fondateur, avec Colette Olive, Michèle Planel et Benoît Rivéro, des éditions Verdier qui fêtent cette année leur trentième anniversaire, il aura été l'éditeur d'un catalogue rigoureux, puissant, juste, net, exigeant. Mêlant littérature – française et étrangère –, philosophie, sciences humaines, les littératures fondamentales de la tradition juive, l'Islam sprituel, aussi bien que la tauromachie, la cuisine… Repreneur, quand il le fallait, de Deyrolle, Antigone, L'Éther vague, Farrago/Fourbis, pour que nous puissions continuer à les lire, il avait surtout cette part rare d'humanité, d'amitié, d'authenticité qui en faisait un être infiniment fréquentable.

    Je ne puis que conseiller à chacun de se rendre sur le site des éditions Verdier http://www.editions-verdier.fr/v3/index.php pour l'exemplaire catalogue et parce que bien entendu les éditions vont continuer, avec la peine, mais parce que ce sera lui rendre honneur que de poursuivre. Que Colette trouve ici toute mon affection.

    Feu le le Centre régional des lettres d'Aquitaine (devenu autre chose) avait reçu Verdier en Aquitaine en 1995. J'avais à cette occasion réalisé un livre à l'identique de leurs éditions :  Carte blanche aux éditions Verdier – on doit encore le trouver ici et là, comme un objet de collection. C'est de ce livre, truffé d'entretiens, de textes réflexifs, que j'extrais cette photographie de Gérard Bobillier et cette réponse à une question d'Éric des Garets : “Éditer n'est pas une attitude, plutôt un mouvement qui suscite, porte, conjugue dans les valises d'un catalogue des fragments de toujours pour une errance infinie.”