vendredi, 17 juin 2011
Robert Creeley
Films de Bresson
Un film de Robert
Bresson montrait un yacht,
le soir sur la Seine,
tout illuminé, et deux jeunes
gens le regardaient, assez pauvres
apparemment, du haut d’un pont tout près de là,
la fille et le garçon comme on en trouve
dans toutes les histoires de ce genre, une
histoire on ne peut plus classique. Et puis
les années passent, comme ça, pourtant
je me suis identifié au jeune
Français plein d’amertume,
j’ai connu la même inquiétude
complaisante et la distance
que lui faisait sentir son amie.
Mais dans un autre film
de Bresson il y avait ce
Lancelot vieillissant avec son
armure encombrante, debout
dans un bois de petits arbres,
hébété, en sang, lui
et aussi son cheval, et
il tentait de retourner au
château, lequel n’était
pas très grand. Cela
m’a ému, que
la vie au fond ne soit
rien d’autre. Vous êtes
amoureux. Vous êtes dans
un bois, avec un
cheval, en sang.
L’histoire est vraie.
Robert Creeley
Échos
Traduit de l’américain par Jean-Paul Auxeméry
Format américain, 1995
Pour se le procurer : LeGam@enfrance.com
09:04 Publié dans Écrivains | Lien permanent | Tags : robert crreley, auxeméry, format américain
lundi, 13 juin 2011
Mathieu Brosseau, Philippe Rahmy & Stéphane Dussel, Mots Tessons
Une nouvelle maison d’édition, créée par Armand Dupuy, poète, et Stéphane Dussel, peintre, et voici qu’intrigué on va humer les deux brefs livres qui viennent de paraître.
Dans L’espèce, joli livre à l’italienne, Mathieu Brosseau pose deux questions essentielles (la première sans point d’interrogation cependant…), qui sont aussi les titres de chapitres : « Et s’il ne fallait plus dire/Que les signes du silence » et « Et s’il fallait dire l’absence/quels seraient les signes du silence ? » Tout le projet tient entre ses deux propositions et la réponse, si réponse il y a, nous parvient sous forme d’énoncés, d’entrelacements, d’assonances… dans « le brouhaha des siècles glissés ». Et comme le souligne Fabrice Thumerel dans sa préface : « Ouvrir l’espèce, c’est faire place à l’animal : c’est alors que les signes se font singes. » C’est dit et c’est dire, on va le voir, si les deux premiers livres de Mots Tessons se « parlent ».
Cellules souches se tient bien droit, permettant aux encres, lavis, de se frotter aux textes sur des valeurs de noir et blanc qui se répondent avec pertinence. Car le livre est « fabriqué » à quatre mains et l’on ne sait jamais très bien à qui l’on doit quoi. Bâti à partir d’une lettre de Dussel à Rahmy, dont on retiendra comme éléments déclencheurs ces deux phrases, la première et la dernière : « Il faut d’abord question d’un singe, d’un singe que j’avais sur l’épaule et qui te grignotait les cellules . », « Je ne te connais pas. Tu ne me connais pas. Nous nous connaissons. Le singe est un point de départ. »
Claude Chambard
Mathieu Brosseau
L’espèce
60 p. ; 13 €
Philippe Rahmy & Stéphane Dussel
Cellules souches
30 p. ; 15 €
Cette chronique a paru une première fois dans CCP n° 20, septembre 2010.
Mathieu Brosseau vient de publier Uns au Castor Astral , nous y reviendrons prochainement.
16:43 Publié dans Écrivains, Édition | Lien permanent | Tags : mathieu brosseau, philippe rhamy, stéphane dussel, mots tessons
vendredi, 03 juin 2011
Dominique Fourcade, "eux deux fées"
« Ne nous ont pas quittés, c’est tout le contraire. Cela veut-il dire qu’ils nous ont emmenés là où ils sont ? Très certainement, une part considérable de nous-mêmes en tous cas, cette part qui ne saurait être détachée d’eux. Ou bien les avions-nous si peu que ce soit précédés, dans cette action d’ensemble ? Et tout de suite une voix : tu te prends pour qui, pour dire ça ? Je me prends pour ce que je suis, personne, à ce stade et depuis toujours. »
Dominique Fourcade
eux deux fées
Michel Chandeigne, 2009
16:14 Publié dans Écrivains, Livre | Lien permanent | Tags : dominique fourcade, euxdeuxfées, chandeigne