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  • Deborah Heissler, « Chiaroscuro »

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    « Oubli —

     mais n’oublie pas la nuit l’abîme à dire

     

     

    — /

     


    grenades frénétiques dénuées de sens

     sous la caresse

     

     allant l’air et la sarabande

     grave sourde intense aux terres nues

     brûlée »

     

    Deborah Heissler

     Chiaroscuro

     Linogravures d’André Jolivet

     Préface de Sabine Huynh

     Æncrages & Co, coll. Voix de chants, 2013

  • Bonne année 2014 à tous les amis.

    « Le vœu exaucé est de l’ordre de l’expérience, il représente sa sanction suprême. “Ce qu’on souhaite dans sa jeunesse, on le possède à profusion dans sa vieillesse”, a dit Goethe. Plus tôt dans la vie le souhait est formulé, et plus grand est la perspective qu’il se réalise. La vie, serait-on en droit de dire en conséquence, est précisément assez longue pour donner à espérer que les vœux de la première jeunesse auront des chances d’être exaucés. Car le lointain est le pays où les vœux sont exaucés. Plus un souhait s’étire vers les lointains du temps, et plus on peut espérer le voir se réaliser. Or ce qui ramène vers les lointains du temps, c’est l’expérience, qui en forme la trame et les articule. Aussi le souhait comblé est-il le couronnement de l’expérience. »

     

     Walter Benjamin

     Baudelaire

     Édition établie par Giorgio Agamben, Barbara Chitussi et Clemens-Carl Härle

     Traduit de l’allemand par Patrick Charbonneau

     La Fabrique, 2013

  • Thomas Bernhard, « Montaigne. Un récit »

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    « J’ai toujours aimé Montaigne comme personne. Toujours je me suis réfugié auprès de mon Montaigne lorsque j’éprouvais cette peur mortelle. J’ai laissé Montaigne me guider et me conduire, me mener et me séduire. Montaigne a toujours été mon sauveur et mon secours. Quand bien même j’ai fini par me défier des autres, de ma pléthorique famille philosophique française, qui n’a jamais compté que quelques cousins et cousines venus d’Allemagne ou d’Italie, rapidement disparus qui plus est, Montaigne est toujours resté pour moi une sorte de refuge.

     

    Je n’ai jamais eu ni père ni mère, mais j’ai toujours eu mon Montaigne. Mes géniteurs que je ne saurais qualifier de père et de mère, m’ont rejetés dès l’origine, et j’ai tôt fait de tirer les conséquences de ce rejet, me réfugiant tout droit dans les bras de Montaigne, voilà la vérité. Montaigne, me suis-je toujours dit, est à la tête d’une famille philosophique extraordinairement prolifique, mais jamais je n’ai aimé les membres de cette famille philosophique autant que son chef, mon cher Montaigne. »

     

     Thomas Bernhard

     Goethe se mheurt

     Récits traduits de l’allemand par Daniel Mirsky

     Gallimard, 2013