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Bernard Noël, « Le même nom »

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Bernard Noël, 8 septembre 2011, Bordeaux © : claude chambard

 

« — J’ai peur, dit-il en montrant Son livre, il y a là mon nom qui veut me tuer.
— N’aies pas peur, dis-je, tu es déjà mort.

 

 

— La peur du nom ?
— Oui, la peur de rien

* * *

Tu vas devenir un nom. Tu l’es déjà. Qui voit l’œuvre de la mort ? Un nom n’est pas un visage. C’est une forme blanche. Un trou plein de rien.

 

Ce qui disparaît,

ce qui est la langue dans la langue,

l’adieu au sens :

mon corps.

 

Le nom permet l’indéterminé de la mort.

* * *

J’écris.

Je passe de l’autre côté de mon nom.

Le pas encore et le déjà-plus se

confondent.

 

J’écris.

je réalise ma mort.

L’usure est usée.

 

Pourtant, ici même, voici du fait : il restera toujours à l’user.

 

La pensée de la mort est fuyante,

comme le possible.

* * *

J’écris pour m’abîmer dans mon nom. »

 

Bernard Noël

Souvenirs du pâle, suivi de Le même nom

Fata Morgana, 1975

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