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  • Janos Pilinszky, « Trente poèmes »

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    DR

     

    « LIBÉRATION

     

    Chiens en pantalon, voilà ce que nous étions

    sans nos parures, sans nos masques,

    des bêtes en sueur,

    ours en jupe, oiseaux captifs.

     

    Nous étions cela et maintenant

    pour une minute

    la main morte et le torse essoufé, inconscient

    rayonnent, arides comme un ange.

     

    QUAND MÊME

     

    Voyez-vous dans la lumière de l’entrée

    la tonnelle ? le banc chaulé ?

    L’oppressant éloignement vert-ciré

    des feuilles ? Et pourtant il s’est tenu là.

     

    SUR LA CHAISE ET SUR LE LIT

     

    Il n’y a plus de mots, plus d’êtres,

    Mots et êtres m’angoissent.

    Sans êtres, sans mots

    Plus pure est la peur.

     

    Et ceci ressemble à une chambre

    Dedans du brouillard et peut-être un lit.

    Couché sur le lit c’est peut-être moi.

    Assis sur une chaise. Le lit est vide. »

     

    Janos Pilinszky

    Trente poèmes

    Traduit du hongrois par Lorand Gaspar & Sarah Clair

    Éditions de Vallongues, 1990