UA-62381023-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Jean-Jacques Viton, « La conjonction de coordination »

68383_1650615749036_4369082_n.jpg

jean-jacques viton, poésie marseille, lecture au [Mac], 2010 © cchambard

 

« c’est quand nous sommes arrivés

devant la maison

après l’interminable chemin entre les arbres morts

nous avons décroché le lapin blanc

gelé ventru gonflé pendu à un pommier

les yeux comblés de glace

les oreilles rigides

nous aurions dû aussi ramasser l’agneau brun

venu se prendre au piège à renards

camouflé dans la neige

sous le lapin qui servait d’appât

pourquoi on se baladait de ce côté

je ne pense pas qu’on cherchait un sapin

je n’aime pas les sapins

ni sur place ni dans une pièce

toujours peur de me crever un œil en approchant

on est allé plus bas

plus bas que la prairie

où est la ferme au lapin blanc servant de piège

je trouve cette idée de piège ridicule

pourquoi un renard avalerait un lapin congelé

je veux dire plus bas vers la rivière

qui continuait à couler un peu

on hésitait à s’engager sur les troncs d’arbres

des troncs immenses mais pas larges

je n’aime pas non plus jouer les trappeurs

dès que l’on se trouve en hiver dans la montagne

on a fini par trouver un passage plus pratique

on est rentré sans se presser

tenant le lapin par les oreilles

elles fondaient lentement dans nos gants

 

ici je place un et un peu hésitant »

 

Jean-Jacques Viton

Accumulation vite

P.O.L, 1994

Les commentaires sont fermés.