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  • Christophe Manon, « Au nord du futur »

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    Christophe Manon. photographie ©Sylvain Maestraggi

     

    « Parfois l’amour aussi

    est ce qui nous émeut d’être à ce point présent et d’une intense

    douceur et ce qui nous reste de baisers nous en usons

    pour sécher les larmes sur les joues de nos semblables et faire durer

    le présent d’une joie qui ne veut pas

    mourir et du silence saturé de poison la part

    qu’il revendique inlassablement nous recevions l’accolade maintenant

    les beaux noms nous les consignons dans nos livres franchissant

    l’obscurité en des gestes fragiles donnant

    mémoire à ce qui fut brisé afin

    que ce qui a été rendu visible ne soit pas

    effacé et qu’il ne reste pas

    de mots sans sépulture. »

     

    Christophe Manon

    Au nord du futur

    Nous, 2016

    http://editions-nous.com/

  • Li Po, « Jour de printemps, après l’ivresse évoquant mon sentiment »

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    Li Po par Liáng Kǎi

     

    « vivre en ce monde est comme un grand rêve

    à quoi bon se fatiguer ?

    aussi tout le jour je suis ivre

    je m’effondre et m’allonge sur le perron

    au réveil je regarde dans la cour

    un oiseau chante parmi les fleurs

    dis-moi, quelle saison est-ce ?

    “dans le vent du printemps chante le loriot”

    ému par cela je suis pour soupirer,

    mais devant le vin me sers à nouveau

    je chante à haute voix, attendant la lune claire

    quand mon chant s’achève mon sentiment est apaisé »

     

    Li Po (701-762)

    Buvant seul sous la lune

    Traduit du chinois par Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 1988

    http://moundarren.com/

  • Pascal Quignard, « Une Journée de Bonheur »

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    en couverture : Corot, Jeune femme cueillant une fieur (détail)

     

    « Sur les couples des fous de Bassan

     

    Carpe

    arrache

    diem

    jour.


    Les couples de fous de Bassan, tout blancs,

    la tête blonde,

    tous les ans reviennent au même nid où ils se rencontrèrent pour la première fois.

    Reviennent où ils s’aimèrent.

     

    Arrache-jours.


    Chaque année le mâle apporte à la femelle retrouvée

    brins d’herbes mêlées de fleurs

    dont il entoure le cou de celle qui l’a distingué jadis entre les autres.

    Il l’enroule,

    formant un collier instable.

     

    Les phrases des oiseaux sont très brèves,

    laissent peu de temps à la réponse,

    reprennent vite leurs sèches séquences et leurs brèves fréquences,

    pour les encranter dans le vide.

    Ce sont des colliers de sons dont la durée fait quelques secondes.

    Petites mélodies subites qui s’accrochent et se suspendent dans les vides que le désir laisse,

    qui attendent dans le vide

    au sein d’une attente où l’appel lui-même attend

    au point qu’il résonne.


    Fragments de chant.

    Fragments verbaux.

    Le réel du texte n’est jamais vaste. »

     

    Pascal Quignard

    Une Journée de Bonheur

    Arléa, 2017

    https://www.arlea.fr/

    Dans toutes les bonnes librairies à partir du 16 mars