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Marcelline Roux, « Vita Nova solo »

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« 18/ Inventer chaque soir une bonne raison de fêter quelque chose et boire un verre de vin : l’arrivée d’une mésange dans le jardin, ma première leçon d’anglais, une nuit sans insomnie, un jour sans texto désagréable, un jour sans attendre de texto…

42/ M’accrocher à l’idée d’une possible chambre à soi avec quelques livres en protection.

61/ Développer une capacité à inventer des nids ou des coquilles. Me souvenir qu’enfant déjà, je regardais les fenêtres allumées dans la nuit et me demandais où j’aurais envie d’habiter. Le voyage continue devant les façades : un fil comme un autre à tenir.

98/ “Il y a toujours une scène derrière le discours” écrit Pascal Quignard dans la Mélancolie du sexe. La seule que je revois, en boucle, est celle de ma tête effondrée sur la table de la cuisine tandis que le disjoint franchit le portail. J’ai la scène, pas le discours. La sidération m’a rendue sourde et muette. Décidément il faut que je relise Quignard : sur le mutisme et la sidération, il est intarissable.

135/ La discipline de la Vita nova oblige à retourner les événements désagréables comme des crêpes, seule façon de partager l’insupportable sans accabler et véritable Chandeleur quotidienne qui éclaire les semailles de mes chemins en contrebande.

245/ Me concentrer sur les fleurs du cerisier qui n’en finissent pas de tout repasser au blanc et me croire invitée à noircir des pages de vie en vue de futurs pots de confiture.

291/ L’écritoire au centre pour qu’il agisse comme une persuasion.

302/ Être devant un jardin annihile toute velléité romanesque : contempler le va-et-vient des oiseaux suffit à vivre.

434/ Aimer la vie qui va avec l’écriture ! La laisser filer, s’infiltrer, s’inviter dans les maisons, les jardins, les paysages, les routes, les coins de cuisine, les soirées dehors, à la grande table des repas, lui ouvrir toutes les fenêtres, lui sortir les transats et les nappes à pois. Ne pas résister au silence qu’elle appelle ! »

 

Marcelline Roux

Vita Nova solo – Carnet d’une traversée

Encres de Jean-Gilles Badaire

Préface de Françoise Ascal

Rhubarbe, 2018

http://www.editions-rhubarbe.com/news.htm

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