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Salvatore Quasimodo, « Presque un madrigal »

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DR

 

« Le tournesol penche vers le couchant

et précipite déjà le jour dans son

œil en ruines, le ciel d’été

s’épaissit et courbe déjà les feuilles et la fumée

des chantiers. Il s’éloigne avec le cours

sec des nuages et le cri des foudres

cet ultime jeu du ciel. Une fois encore,

et depuis tant d’années, ma mie, il y arrête la mue

des arbres serrés dans l’enceinte

du Naville*. Mais c’est toujours notre jour

et toujours ce soleil qui s’en va

avec le fil de son rayon affectueux.

 

Je n’ai plus de souvenirs, je ne veux plus me souvenir ;

la mémoire se relève de la mort,

la vie est sans fin. Chaque jour

est le nôtre. Il en est un qui s’arrêtera pour toujours,

et toi avec moi, quand tu paraîtras en retard.

Ici, sur la digue du canal, en balançant

les pieds comme des enfants,

nous regardons l’eau les premières branches dans

sa couleur verte qui s’assombrit.

Et l’homme qui s’approche en silence

ne cache pas un couteau dans ses mains

mais une fleur de géranium. »

 

* Le Naville est un canal navigable en Lombardie (ndb)

 

Salvatore Quasimodo

« La vie n’est pas un songe » (1949) in Ouvrier de songes

Traduit de l’italien et préfacé par Thierry Gillybœuf

La Nerthe, 2007

http://librairielanerthe.blogspot.com/2010/03/salvatore-quasimodo-ouvrier-des-songes.html

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