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Claude Esteban, « Deux poèmes de “Fayoum” »

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« Mes yeux

sont grands ouverts pour toujours

 

et pourtant j’étais borgne et tous ceux

qui maintenant me plaignent

 

se moquaient de moi, on criait, vite

vite, il arrive celui qui n’a qu’un œil

 

cachez-vous car il jette

le mauvais sort, les filles n’auront jamais

 

d’amour s’il les regarde et moi

je leur lançais des pierres

 

et le dedans de mon cœur

devenait chaque fois plus dur et c’est vrai

 

qu’ils ont peint deux yeux

sur la tablette de cire et que je souris.

 

* * *

 

Aimes-tu mes cheveux, mes cils, ma

fourrure, je veux

 

que tu délires, mon cher amour,

lorsque tu me touches, c’est jour de fête

 

puisque ton pénis

est grand et qu’il me traverse

 

je veux

cette sueur encore entre nous comme

 

un ruisseau de tendresse et qu’il y ait

quand tout s’achève

 

ce cri, ce repos, ce

cri

 

où suis-je, mon cher amour, où sont-ils

les chemins pour te rejoindre

 

dis-moi que tout mon corps

ne va pas mourir

 

maintenant que les fourmis approchent. »

 

Claude Esteban

Fayoum

Farrago, 31 décembre 1999 à 199 exemplaires, réservés aux amis de l’auteur & de l’éditeur, tous hors-commerce et numérotés, pour saluer l’an 2000

repris dans Morceaux de ciel, presque rien, Gallimard, 2001

Commentaires

  • Claude nous manque beaucoup !

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