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à passage

  • Alain-Christophe Restrat, « ême »

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    Alain-Christophe Restrat & Sophie Chambard, Carcans, 1984 © CChambard

     

    « le seul

    ce qu’attente

    d’ailes

    et durée

    quand la faim

    du poème

    est même

     

    ––

     

    …de fois

    la crête

     

    le moindre mot

     

    ô bouche cousue

     

    ––

     

    (c’est le roman rose

    jamais guéri de soi)

     

    ––

     

    la chambre est close

    la rédaction fond

    la matière est d’air

    comme trois moi

    qui sont moi

     

    ––

     

    on ne préface que

    le cœur

     

    comme les mots dans un livre

    décevant l’attente

     

    le blanc souci de la nuit

     

    ––

     

    (c’est la lettre d’amour

    jamais lue de toi)

     

    ––

     

    le seul

    …de fois

    …de mots

    le même

    est

     

    ––

     

    comme un tout

    en pièces laissé

    à portée de la main

     

    ––

     

    relié à

    un livre essentiel

    que le peu de sens défend

     

    ––

     

    se met à jour lentement

    écrivant le feuilleton

    les transitions d’une gamme

     

    portée… table… outils

    d’un travail légendaire

     

    ­­––

     

    la lenteur en personne

    amoureuse d’un objet :

     

    l’étrangeté du seul

    reployant les feuillets

     

    ­­––

     

    et dans l’attente enfin regardée

    lisant

           la naturation le solde

           complété d’une illusion  

           à décrire :

     

    ––

     

    seul

    fois

    mots

     

    ême

     

    est-ce »

     

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    double page de l'édition originale, travail de Sophie Chambard, technique mixte sur vélin de Rives : papier de Chine & gouache.

     

    Alain-Christophe Restrat

    « ême »

    coll. Les Galées, à Passage, 1985

    Outre l’édition ordinaire sur vergé ivoire, 11 exemplaires ont été imprimé sur vélin de Rives, enrichis de travaux originaux de Sophie Chambard, numérotés de I à XI.

     

    Alain-Christophe Restrat est né le 21 décembre 1946 à Beaune, dans le Loiret.

    Il est mort le 14 septembre 2017. 

    C’était notre ami,

  • Dominique Preschez, « Vers le soir »

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    À quelle heure t’ai-je écrit vers le soir ?

    « Quand par la baie pulvérisée toute d’eau, une brume en tufeau de mouettes lasses resserrait l’horizon devers la Manche d’or à la colonne de ses lampes — fanal de première enfance et chapiteau de triangles ouvrant sur la maison —, encore qu’il fût tard pour me mentir l’abandon, mâchant pesamment les bœufs (blancs) aux pas cassés des guérets entretenaient un vertige de cette boucherie d’élans en halètement du soir et les moucherons, veufs aussi, mêmement voués au charme suicidaire des menthes en peine, j’ai prié la nuit de me tuer au matin, parce que sans toi j’ai peur, de la mort. »

     

     

    « Pourquoi la mort, si fort ? » ai-je tracé de buée tiède encore d’une communion à l’aube des foins de fille au dos de la maison, sur une ardoise atteinte ; palimpseste et marelle pour savoir, ce qui fut de nos jeux solitaires…

    Et, m’étant livré à pareille ascension, sans plus de nos magnoliers bleus près le club des sacrifices, je me suis prémuni contre ce vide de l’âtre, m’évitant un crime, où tu vis Mallarmé paraître lent, un peu, au long d’une échelle dressée qui me fit préférer l’écriture à l’astre sans homme. Tapi au recoin d’un corps de pierre à l’odeur de maman, où bombille l’essaim d’insectes qui piquent, j’ai imploré, quel diable de première famille ? pour tout en vie, me mourir…

     

     

    « T’entendrai-je frapper à la porte de cuir ? » Dans la chambre malade depuis que tu n’es plus, à la mesure des vins — sexe ballant, remugle de linceul —, je répugne au pacte de l’amour perdu.

     

     

    Et seul un homme seul s’habille vers le soir pour aller sur la route…

     

     Dominique Preschez

    Vers le soir

    à Passage, coll. « Les Galées », 1983

  • Mathieu Bénézet, "Résumant ma tristesse" — 7 février 1946 - 12 juillet 2013

    « n’y pense pas cette morte baisers

    petites bras

    douleur disaient tes mots tu n’écris

    pas tout le monde a

    des accidents aujourd’hui il y a

    une mère

    dans toute parole et enfant

    n’y pense pas ne dis

    pas j’ai quitté d’habiter


     

    et pour le cœur

    c’était nous

     


    cette année vous mourrez de froid

    cendres,

    cendres cette légèreté du cœur


     

    c’est un rêve d’un autre hiver où je crus

    dormir et je pleurais, va

    séparer fut léger — tendre

    neige tendre (et je pleurais)

     

    ce rêve où tu pleuras (et je dormais)

    va,

    ce fut un rêve noir hiver


     

    résumant ma tristesse

    noir poème tel qu’on peut rencontrer

    des tombes qui veux me blesser d’écrire »

     

     Mathieu Bénézet

    Résumant ma tristesse

    avec quatre sérigraphies en deux noirs de Raquel

    4 exemplaires sur Japon nacré, 40 exemplaires sur vélin de Rives

    à Passage, 1981

    repris in Le Travail d’amour, Flammarion, 1984

  • Bernard Vargaftig, Nancy 24 janvier 1934 — Avignon 27 janvier 2012 & l'éternité

    Bernard Vargaftig

    Le lieu exact — ou la peinture de colette deblé

     

    Vivantes

    Les orties ô même l’orage

    Et l’absence

    Et les galets vont si vite

     

    Même l’enfance

    Tout-à-coup et la cour

    Plus terrible où le mur craque

    Et le gouffre

     

    Et les arbres

    Qui dévalent jusqu’au vent

    Comme jamais

    Regardaient le langage

    ………………………………………

    Tant de fois

    Les roches le lieu exact

    La prairie et

    Quand il manque une page

     

    Tomber tomber

    Était comme un murmure

    Et le vent se précipite

    Et l’espace

     

    Loin derrière

    Effaçant pente et parfum

    Immensité

    Que l’horizon saisit

    ………………………………………

    Ah plus d’oubli

    Et l’instant qui commence

    Un récif

    Que tout aurait fait bouger

     

    Vent et lumière

    La plage dénouée

    Un murmure et si lointaine

    L’étendue

     

    Où sans cesse

    Avalanche dans le sens 

    Le rosier comme

    Mortellement échappe

     

    […]

     

    les trois premières pages debernard vargaftig,colette deblé,à passage

    Le lieu exact

    ou la peinture de colette deblé

    imprimé au plomb

    en Garamond corps 10

     en mars 1986 par mes soins
    à 15 exemplaires sur

    Gravure du Moulin de Larroque

    enrichis d’une peinture de Colette Deblé

     & à 300 exemplaires sur vélin blanc

     à Passage, Bordeaux

    isbn : 2.905391.11.5