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anniversaire

  • Un matin, simplement un matin

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    © Sophie Chambard

     

    pour fêter l’anniversaire de Sophie, ce 30 janvier

     

    Un matin, simplement un matin, frais, un peu ensoleillé, les oiseaux sont de la partie, l’enfant est vivante, elle fait des petits baisers avec ses petites mains potelées & son petit sourire transperce la bêtise & la méchanceté, tu sais, elle dit les mots d’amour, elle dit framboise & pistache d’Égine, elle mâche lentement, on pourrait croire qu’elle déguste déjà ses souvenirs, elle ne pleure pas ou alors lorsqu’il n’y a personne, elle rit souvent en regardant les papillons aller de fleur en fleur, aspirant les sucs qui arrondiront son ventre, elle parle de vie, ce n’est pas facile une vie, elle sait déjà que c’est une tâche très ardue qui nécessite que l’on partage la grâce du chat qui s’étire

     

    Claude Chambard

    inédit, extrait de Un matin, en cours

  • Un présent,

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    © : cchambard

     

    pour mon merveilleux filleul Valère,

    ce 12 décembre 2020

     

    Un présent, enveloppé dans un papier d’hier, que l’on utilisera demain, un présent, c’est l’enfance qui revient, c’est un jour sans brouillard, une soupe sans caillou, de la neige à Noël — Pâques aux tisons, Noël au balcon —, c’est dormir tout habillé & se réveiller frais comme un nouveau baptisé, s’endormir comme un saint & se réveiller comme un diable, un présent c’est une promenade au bord du canal, sa petite main dans une bien large & rassurante, croiser péniches & boulonnais sans changer d’époque, cueillir des fruits mûrs sur des arbres généreux de toute éternité, c’est le texte bienvenu avant même d’avoir été écrit

     

    Claude Chambard

    inédit, extrait de Un matin, en cours

  • Je rêve de trouver, un matin…

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    Shi Tao, vers 1700

     

    pour fêter l’anniversaire de mon ami Tristan Hordé,

    ce 6 décembre 2020

     

    Je rêve de trouver, un matin, le journal intime du merle & à l’hiver celui de son ami le rouge-gorge – le rossignol chante trop pour avoir le temps de noter quoi que ce soit, il est déjà ivre de lui-même –, ce serait comme un voyage au monastère du Dragon Bleu, le style en serait leste & sans mauvaise contrainte, dix mille mots y bâtiraient quelques phrases essentielles, je ne divulguerais rien, même sous la torture, comme il est d’usage de dire, le merle est un frère des coteaux du sud, le rouge-gorge des coteaux du nord, leurs journaux, ceux qui m’intéressent, disent les embuscades & les tranquillités du jardin & des forêts de la Chique

    Claude Chambard

    inédit, extrait de Un matin, en cours

     

  • Un matin, dévaler encore…

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    pour fêter l’anniversaire de mon ami Lambert Schlechter,

    ce 4 décembre 2020

     

    Un matin, dévaler encore, la page & la vie, descendre le pichet de vin du vieux Li Po avec l’ami Shen Fu, toujours boire avec un compagnon & chanter avec lui dès que la lune se lève pour égayer le ciel sans limite comme l’amitié, loin de notre pays natal, vieux camarade, nous essayons de ne pas laisser la tristesse nous envahir, il fait frais, allumons le vieux poêle, le cœur est voyageur, d’est en ouest, de rivière en rivière, cette douceur de vivre près des vignes, tout à côté des forêts, nous avons marché longtemps, songeant à nos amis éparpillés qui sont enfin rentrés chez eux, nos livres se confondent, c’est la voix qui est l’identité du poème

    Claude Chambard

    inédit, extrait de Un matin, en cours

  • Pascal Quignard, « Bacon à Chandos »

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    © : claude chambard

     

    « […] Les mots, ce sont toutes les choses dont vous avez demandé le nom jadis quand rien ne les désignait à votre regard si rien ne venait les nommer. Du temps où vous étiez vous-même alors sans prénom et sans nom. C’est-à-dire quand vous n’étiez même pas le fantôme que votre désespoir vous fait croire que vous êtes devenu. La subjectivité n’est qu’une mélancolie, une aire nue qui n’apparaît si terriblement que quand le flot de la sève et du sang se retire, et non quand le langage déserte. Alors travaillez toutes ces impuissances à dire et forcez, pressez, cultivez toutes les détresses qui en découlent. La langue dont vous disposez a la capacité de votre émotion puisqu’elle en est le lit. Il ne faut pas travailler la langue pour jouir d’elle, ni pour s’abuser, ni pour l’orner, ni pour respecter ses règles, ni pour séduire d’autres hommes, ni même pour héler une femme qui s’est perdue à l’instant de naître et dont la perte vous poursuit d’une façon insaisissable après qu’elle vous a abandonné dans le jour. Il ne faut pas décomposer l’âme dans un esprit d’autopsie alors que ce n’est qu’un souffle emprunté à l’air que la naissance délivre. Il faut adorer, dans la langue acquise, la défaillance d’acquisition qui limite tout sans cesse et qui ne la borne jamais. Il faut lutter avec cette défaillance à dire le monde perdu. […]»

     

    Pascal Quignard

    La Réponse à Lord Chandos

    Galilée, 2020

    http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=3525

     

    Recopier la page, pour souhaiter un bel anniversaire à Pascal Quignard – né le 23 avril 1948.

     

  • Henri Cole, « Deux poèmes »

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    DR

     

    « Anniversaire

     

    Quand j’étais enfant, c’était pour moi une punition

    que d’être enfermé dans une pièce. L’évident

    désintérêt de Dieu touchant les affaires du monde

    semblait impardonnable. Ce matin,

    grimpant les cinq étages jusqu’à mon appartement,

    je me rappelle la voix exaspérée de mon père,

    mêlée d’angoisse et d’amour. Comme toujours,

    la possibilité d’un foyer — au mieux d’un idéal —

    reste illusoire, alors je lis Platon, pour qui l’amour

    n’a pas subi de crevaison. Vautré sur le tapis,

    tel un ver de compost, je comprends des choses

    dont la connaissance empirique me manque.

    La porte est fermée à clef, mais je suis libre.

    Comme sur une carte obsolète, mes frontières bougent.

     

     

    Au loin

     

    Si je ferme les yeux, je te revois devant moi

    comme la lumière attire à elle la lumière. Debout

    dans le lac, je crée avec mes bras un tourbillon,

    laissant la force du repentir m’entraîner en son centre

    au point de ne plus pouvoir me raccrocher à mes perceptions

    ou à la conscience du moi, tels ces nuages de poussière

    et d’hydrogène tout excités de former de nouveaux astres

    pour éclairer l’arrière-cour. Si poignant est le cri du vide

    pour être comblé.

                      Mais, écrivant ces lignes, ma main est chaude.

    Le personnage que j’appelle Moi n’est plus lourd, lascif,

    mélancolique. C’est comme si les émotions n’avaient plus de chair.

    Éros ne déchire pas les ténèbres. C’est comme si j’étais

    redevenu un enfant observant la venue au monde de deux agneaux.

    Le monde vient juste de naître à la vie. »

     

    Henri Cole

    Le merle et le loup, suivi de Toucher

    Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claire Malroux

    Bilingue

    Le bruit du temps, 2015

    https://www.lebruitdutemps.fr/boutique/produit/le-merle-le-loup-suivi-de-toucher-37