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anthologie de la poésie chinoise classique

  • Sou Che (Su Tung Po), « Sur l’air “Chanson de l’immortel de la grotte” »

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    « Ses os étaient de jade ;

    Sa chair un frais cristal de glace, sans une goutte de sueur.

    Le vent emplissait d’un parfum secret tout le palais au bord de l’eau.

    Quand s’écartait le store brodé, le clair de lune nous épiait.

    Pas encore endormie, elle appuyait sur l’oreiller sa chevelure en désordre.

     

    Je me levais pour saisir sa main de soie.

    Aucun bruit à la porte du pavillon.

    Parfois, on voyait une étoile filante traverser la Voie Lactée.

    Je demandais : “Où en est-on de la nuit ?”

    “C’est déjà la troisième veille.”

    Les flots dorés de la lune pâlissaient ; les étoiles du Cordeau de Jade* s’inclinaient.

    Nous calculions sur nos doigts quand viendrait le vent d’Ouest**.

    Et pourtant, nous ne parlions pas des années,

    Qui secrètement s’échappent. »

     

    * La queue de la Grande Ourse, qui tourne autour du Pôle avec les saisons.

    ** L’automne

     

    Sou Che (Su Tung Po) — 8 janvier 1037- 24 août 1101

     Traduit du chinois par O. Kaltenmark

    In Anthologie de la poésie chinoise classique

    Sous la direction de Paul Demiéville

    Gallimard, 1962, rééd. Coll. Poésie/Gallimard, 2000

  • Tsa’o P’ei, « Une chanson de Yen »

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    Le chant des premières pousses, Ma Yuan, début XIIIe, Musée du Palais, Pékin.

     

    « Il est aisé de se quitter,

       Difficile de se retrouver !

    Au loin, par-delà monts et fleuves,

       Routes interminables,

    L’angoisse au cœur, je pense à vous,

       Et je ne puis parler.

    Je confie un mot aux nuages ;

       Ils s’en vont sans retour.

    Les larmes sillonnent mes joues ;

       Ma beauté se flétrit.

    Qui pourrait, accablé de peine,

       Retenir mes soupirs ?

    Je me chante des vers à moi-même

       Pour tenter de me consoler.

    Mais la joie me quitte, et la peine

       Vient me briser le cœur.

    Je m’étends, pensive, obsédée.

       Sans trouver le sommeil.

    Alors je me rhabille et sors,

       Marche de-ci de-là…

    Je regarde les étoiles, la lune ;

       J’observe les nuages.

    Un oiseau chante dans l’aurore ;

       Sa voix est pitoyable.

    Je m’attarde, et désire, et souffre…

       Je ne puis plus trouver la paix. »

     

    Yen est un pays de la Chine ancienne qui correspond en gros à l’actuelle province du Ho-pei (Hebei).

     

    Ts’ao P’ei (187-225)

    Traduit par Robert Ruhlmann

    In Anthologie de la poésie chinoise classique

    Sous la direction de Paul Demiéville

    Gallimard, 1962, rééd. Coll. Poésie/Gallimard, 2000