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géorgiques

  • Virgile, « Mais le printemps renaît ; de l’empire de l’air… »

    Abeilles rouleau Barberini.jpg

    L’éloge des abeilles. Enluminure du rouleau Exultet Barberini, vers 1087. Bibliothèque Vaticane

     

      « Mais le printemps renaît ; de l’empire de l’air

    Le soleil triomphant précipite l’hiver,

    Et le voile est levé qui couvrait la nature :

    Aussitôt, s’échappant de sa demeure obscure,

    L’abeille prend l’essor, parcourt les arbrisseaux ;

    Elle suce les fleurs, rase, en volant les eaux.

    C’est de ces doux tributs de la terre et de l’onde

    Qu’elle revient nourrir sa famille féconde,

    Qu’elle forme une cire aussi pure que l’or,

    Et pétrit de son miel le liquide trésor.

      Bientôt abandonnant les ruches maternelles,

    Ce peuple, au gré des vents qui secondent ses ailes,

    Fend les vagues de l’air, et sous un ciel d’azur

    S’avance lentement, tel un nuage obscur :

    Suis sa route : il ira sur le prochain rivage

    Chercher une onde pure et des toits de feuillage :

    Fais broyer en ces lieux la mélisse ou le thym ;

    De Cybèle alentour fait retentir l’airain :

    Le bruit qui l’épouvante, et l’odeur qui l’appelle,

    L’avertissent d’entrer dans sa maison nouvelle. »

     

    Virgile

    Géorgiques

    Traduction de l’abbé Jacques Delille (1769)

    « C’est en voyant la campagne, les moissons, les vergers, les troupeaux, les abeilles, tous ces tableaux délicieux qui ont inspirés l’auteur des Géorgiques, que j’ai cru sentir quelque étincelle du feu nécessaire pour le bien rendre. Jamais je n’ai trouvé la nature plus belle, qu’en lisant Virgile ; jamais je n’ai trouvé Virgile plus admirable, qu’en observant la nature : la nature, en un mot, a été pour moi le seul commentaire de celui qui l’a le mieux imitée. » Discours préliminaire

    Gallimard Folio, 1997

     

  • Virgile, « Mais le printemps renaît… »

    Virgile.jpg

    Détail du Vergilius Romanus, manuscrit du Ve siècle.

     

    « Mais le printemps renaît, et le zéphyr t’appelle,

    Viens, conduis tes troupeaux sur la mousse nouvelle ;

    Sors sitôt que l’aurore a rougi l’horizon,

    Quand de légers frimas blanchissent le gazon,

    Lorsque, brillant encor sur la tendre verdure,

    Une fraîche rosée invite à la pâture.

    Mais quatre heures après, quand déjà de ses chants

    La cigale enrouée importune les champs,

    Que ton peuple, conduit à la source prochaine,

    Boive l’eau qui s’enfuit dans des canaux de chêne.

    À midi, va chercher ces bois noirs et profonds

    Dont l’ombre au loin descend dans les sombres vallons.

    Le soir, que ton troupeau s’abreuve et paisse encore.

    Le soir rend à nos prés la fraîcheur de l’aurore ;

    Tout semble ranimé, gazons, zéphyrs, oiseaux,

    Rossignols dans les bois, alcyons sur les eaux. »

     

     

    Virgile

    Géorgiques

    Traduction de l’abbé Jacques Delille (1769)

    « Les traductions sont pour un idiome ce que les voyages sont pour l’esprit. » Discours préliminaire

    Gallimard Folio, 1997