UA-62381023-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

gérard haller

  • Gérard Haller, « Menschen »

    Les Inédits du Malentendu, volume 8.

    gérard haller,meschen,heimweh,galilée,les inédits du malentendu

     

     

    semblable maintenant d’un bord à l’autre

    de la terre on dirait l’image se clôt

    et l’image se déclôt qui nous tenait

    ensemble et c’est comme si tout de nouveau

    me quittait. Le visage autrefois du dieu

    mort que tu étais. Comme s’il revenait

    mourir sous mes yeux

     

    regarde

     

    irressemblant maintenant vide l’enclos

    là-bas lumineux de ta voix

     

    tout le heim autrefois. Regarde. Gisant

    nu de part et d’autre du grillage ici

    qui le défigure et les traces partout

    du sang sur l’herbe et les rails et le linceul

    bleu du fleuve au loin miroitant sous le bleu

    incicatrisable du ciel oh et tout

    le ciel comme ça lèvre contre lèvre

    de nouveau qui s’ouvre et les larmes dans nous

    sans mer à la fin où retourner

     

    Gérard Haller

    Inédit, extrait de Menschen

    à paraître aux éditions Galilée le 17 septembre 2020

     http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=3534

    on pourra regarder cette lecture de Nous qui nous apparaissons de et par Gérard Haller sur le site « Philosopher au présent » ttps://www.youtube.com/watch?v=3ftmFUkUns8

     

    Gérard Haller est un auteur rare, qui compte infiniment pour moi, dont j’attends chaque livre avec une vertueuse et tremblante patience depuis Météoriques (Seghers) en 2001, en passant par all/ein, Fini mère, Le grand unique sentiment (Galilée) etc. Dans quelques jours celui-ci, Menschen, sera sur nos tables, nul doute qu’il éclairera avec quelques rares autres – ceux d'Isabelle Baladine Howald, Fragments du discontinu (Isabelle Sauvage), Pascal Quignard, L'Homme aux trois lettres (Grasset), Camille de Toledo, Thésée, sa vie nouvelle (Verdier), pour n'en citer que trois essentiels – cet été qui se termine & cet automne qui commence.

  • Gérard Haller, « all / ein »

    LyBxkh7_xvizghu3X7ayws0XPVc35G523DTBlzTQw-WqdK8dZbYSmqCPn6QT-oHWIdcgEMwYA36U4yhkQRDoWEmAkvT_KGuJ6cTdDAgEcw.jpg

    DR

     

    « […]

    nuit / 21

     

    allein

    allein

     

    [TU APPELLES]

    TOI : tu es là / MOI : oui

     

    [TEMPS]

     

    c’est comme la mer

     

    on veut y retourner on appelle on appelle on voudrait faire que c’est fini le séparé mais non

     

    c’est parce que la mer aussi est vide

    dedans que tout vient dehors

     

    nuit /22

     

    c’est parce que la mer aussi sans fin se vide

    là-bas qu’il y a tout ce va-et-vient ici

    des corps et tout tu sais c’est de la poésie

    tout ça mais quand même c’est pas rien c’est pas rien

    ce reste de peuple ainsi que nous sommes non

    ça doit bien faire quelque chose comme un peuple

    encore d’être comme ça tenus ensemble

    par rien d’autre que les autres non je veux dire

    tous ces corps ici devant la mer là oui bleue

    ces mouettes là voilà qui rient comme ça

    bêtement oui qui crient toujours comme un qui vient

    de perdre père et mère [ah les mères les mères ]

    et l’air autour sur quoi elles passent leur temps

    oh / et l’eau dessous qui les attend voilà qui

    leur tend les bras on dirait ça fait quelque chose

    non que tout ça se touche comme ça ici

    exposé bord à bord / oh / peaux / oh / et os eaux

    air écume embruns vents marées matière quoi

    du début à la fin / ô / infini éclat

    de matière tout ça à chaque peau chaque grain

    de peau et chaque de poussière je dis in

    ouï corps à corps tout ça de la matière oui

    le plus pauvre galet aussi bien cette moule

    là cette capote cette vieille bouteille (vide

    tu penses bien) et cette vague au loin ces seins

    de lait ce lit ce bateau ce bout de papier

    à lettres (tiens tiens encore un des ces robin

    son là-bas sur son lit de pluie) et cette vieille

    sèche à encre et ces vers blancs dedans toujours prêts

    à tout décomposer oui c’est comme ça oui

    qu’il y a quelque chose comme la poé

    sie

     

    nuit / 23

     

    allein

    allein

     

    la nuit chaque nuit les mots du dehors et les mots du dedans se joignent dans toi et disjoignent tu dis et comme ça sans fin t’abandonnent toi aussi au battement de tout

     

    oui tu sais c’est comme ça

     

    nuit / 24

     

    chaque nuit tu dis ça revient

    les mots d’avant te manquer

     

    komm

    viens

    komm

    komm jetzt

    c’est fini

    komm / geh

    c’est fini

    geh jetzt

    geh

    va

    allez

    ça va aller

     

    oui tu sais c’est comme ça

     

    c’est pour appeler

     

    c’est tout c’est parce que les mots aussi sont coupés de tout qu’il faut répéter l’appel »

     

    Gérard Haller

    all / ein

    Galilée, 2003

    http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=2870

  • Gérard Haller, « mbo »

    AVT_Gerard-Haller_3383.jpg

    DR

     

    « […]

    et la girafe zarafa et

    la bête aux joues rouges de zara-

    thoustra

     

    oh et la chatte qui a vu jacques

    derrida la voir le voir tout nu

    oui tout chose d’être regardé

    comme une bête lui aussi et

    son chéri hérisson

     

    vois : divin et pas / tout le méli-

    mélo des corps oui tout l’innommé

    peuple depuis toujours qui vient / es-

    pèce par espèce et genres fa-

    milles sous-familles et tout ce qui

    s’ensuit et toujours de nouveau re-

    lance tous les souffles

     

    vois mbo : tous les animaux ici

    avec nous qui s’essouflent et multi-

    plient comme ça le ciel

     

    tout ce qui vit tout ce qui a peur

    la nuit et meugle miaule ulule

    hurle brait brâme etc. et

    appelle

     

    mowgli tu te souviens et le mo-

    queur des savanes et tout ça

     

    le solitaire et le ver de terre

    le ver luisant et le ver à soie né

    bombyx mori et le nécrophore

    fossoyeur

     

    le lamie tisserand de son vrai

    nom lamia textor

     

    le messager sagittaire dit

    le serpentaire dit le secré-

    taire des serpents et l’oiseau maître

    ès ritournelles des forêts plu-

    vieuses d’australie dit sceno-

    poïetes

    […] »

     

    Un autre extrait ici : http://poezibao.typepad.com/poezibao/2018/04/anthologie-permanente-g%C3%A9rard-haller-mbo.html

     

    Gérard Haller

    mbo

    Harpo &, 2018

    http://editionsharpo.blogg.org/

     

  • Gérard Haller, « Le grand unique sentiment »

    luttedejacobaveclange.jpg

    Rembrandt, La Lutte de Jacob avec l'ange, 1659

    Staatliche Museen, Gemäldegalerie, Berlin

     

    « mains bras ailes

    oh ailes

     

    visage nu de l’un face au nu

    de l’autre comme ça qui se présentent

    ensemble le vide d’avant et l’intime

    infini.

    Le lointain : qui le font désirable

     

    komm tu dis

     

    c’est chaque nuit.

    Nous nous prenons dans les yeux les larmes

    plus loin nous nous implorons komm

    prends-moi etc. et c’est chaque fois

    comme si c'était la première nuit

    sur la terre de nouveau comme

    si c’était nous là-bas les deux

    tombés nus du ciel et tu es là

    je suis là tu dis regarde et tout

    recommence

    visage de l’un face à l’autre

    dedans plus loin qui appellent

    encore et encore

    qui demandent la lumière

    et tu me fais avancer dans toi

    au bord et tu prends ma tête

    comme ça dans ta main

    et tu la poses sur ton sein

    et tu dis mon nom

    komm tu dis

    et je suis toi de nouveau

    dans le nu de ta voix

    là-bas sans moi

    et je ferme les yeux

     

    [TEMPS]

     

    tout le temps de l’étreinte

     

    comme si c’était pour entendre

    seulement ça qui appelle dedans

    nous sans nom sans voix.

    Nu seulement plus nu encore

    et soudain c’est toi »

     

    Gérard Haller

    Le grand unique sentiment

    Coll. « Lignes fictives », Galilée, 2018

    http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=3489