mardi, 31 décembre 2019
Ishikawa Takuboku, « 7 tankas »
« Tout comme l’enfant qui parti en voyage
revenu au pays s’endort
aussi doucement en vérité est arrivé l’hiver
Chose plutôt rare
que ce calme plat dans mon cœur
quand j’écoute avec plaisir jusqu’à l’horloge qui sonne
Ah si pour sincèrement
lui ouvrir mon cœur j’avais un ami !
Je commencerais par lui parler de toi
Ce dont les gens parlent
cette beauté des cheveux défaits qui s’emmêlent aux tempes
je l’ai reconnue en te voyant écrire
De couleur cramoisie
ce vieux carnet où subsistent
l’heure et le lieu du rendez-vous secret !
Dix ans déjà que je l’ai composé disait-il de ce poème chinois
avant de le déclamer lorsqu’il était ivre
Ami vieilli de tant voyager
Quand donc était-ce ?
Oh la joie que j’avais eue à entendre soudain dans un rêve
cette voix que depuis si longtemps hélas je ne puis écouter ! »
1910
Ishikawa Takuboku
Une poignée de sable
Traduit du japonais par Yves-Marie Allioux
Philippe Picquier, 2016
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vendredi, 04 juillet 2014
Ishikawa Takuboku, « Fumées »
« Joie, l’eau ruisselle de la pompe
un bref instant
je vois l’élan de ma jeunesse
Je levais la tête au ciel pur
l’envie me prenait de siffler
je faisais ma joie de siffler
Quand tombaient les fleurs
j’étais le premier à sortir
vêtu de blanc
Comme une pierre
dévale la pente
je suis arrivé à ce jour-ci
Dès le réveil la tristesse
– mon sommeil
n’est plus paisible comme autrefois
Le vert tendre des saules
en amont de la rivière
je le vois comme à travers des larmes
Je me suis tourné vers la montagne
sans un mot
les montagnes du pays sont admirables »
Ishikawa Takuboku
Fumées
Traduit du japonais par Alain Gouvret, Pascal Hervieu et Gérard Pfister
Arfuyen, 1989
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mercredi, 02 juillet 2014
Ishikawa Takuboku, « L’Amour de moi »
« Quand j’ôte le bouchon, l’odeur d’encre fraiche
descend dans mon ventre affamé
et me rend triste
J’ai fait cette prière : Tous ceux
rien qu’une fois, qui m’ont fait baisser la tête
je voudrais qu’ils meurent
On a beau travailler, et travailler encore
la vie ne s’éclaire d’aucun bonheur
Je contemple mes mains
Ce soir
j’ai envie d’écrire une longue lettre
qu’on lira en pensant à moi
La montre que brutalement j’ai jetée
contre une pierre du jardin
comme j’aime cette colère d’autrefois
Vent d’automne
Je ne parlerai plus désormais
à l’homme que je méprise »
Ishikawa Takuboku
L’Amour de moi
Traduit du japonais par Tomoko Takahashi et Thierry Trubert-Ouvrard
Préface d’Alain Gouvret
Arfuyen, 2003
On trouvera Ishikawa Takuboku personnage principal du tome II — « Dans le ciel bleu » — de l’extraordinaire roman graphique Au temps de Botchan de Jirō Taniguchi & Natsuo Sekikawa, Seuil, 2004
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