mardi, 07 avril 2020
John Ashbery, « En flânant »
DR
« Quel nom ai-je pour toi ?
Certainement il n’y a pas de nom pour toi
Dans le sens où les étoiles ont un nom
Qui leur va plus ou moins. En flânant,
Objet de curiosité pour quelques-uns,
Mais tu es trop préoccupé
Par la macule secrète dans le dos de ton âme
Pour dire beaucoup, et tu vagues
Souriant à toi-même et aux autres.
C’est décourageant d’être du genre solitaire
Mais en même temps déconcertant,
Improductif, quand tu te rends compte une fois de plus
Que le plus long chemin est le plus efficace,
Celui qui s’enroulerait parmi les îles, et
Tu semblais toujours voyager dans un cercle.
Maintenant que la fin est proche
Les segments du voyage restent ouverts comme une orange.
Il y a de la lumière là-dedans, et du mystère, et de la nourriture.
Viens voir. Ne viens pas pour moi mais pour cela.
Mais si je suis encore ici, permets que nous puissions nous voir l’un l’autre. »
John Ashbery
Quelqu’un que vous avez déjà vu
Traduit de l’américain par Pierre Martory et Anne Talvaz
P.O.L, 1992
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dimanche, 24 janvier 2016
John Ashbery, « Le serment du Jeu de Paume »
« Le ticket
L’expérience de t’écrire ces lettres d’amour…
Clôtures inconcluantes, rien, pas même, de l’eau dans tes yeux, l’air de tout et de rien
Le jardin dans la brume, peut-être, mais l’égocentrisme compense tout ça, les caroubiers en hiver, blanchis
Sa main ne menant nulle part. La tête dans le jardin, des érables, une souche vue à travers un voile de bouteilles, ruptures –
Tu n’avais nulle permission d’entreprendre quoi que ce soit, t’efforçant d’exécuter les ordres déments que l’on t’avait donné de raser
La boîte, rouge, drôle d’aller sous terre
Et, méfiant sans raison, boue du jour, le plaid – j’étais à tes côtés là où tu veux être
Là-bas dans la petite maison occupé à t’écrire.
Bien qu’ensuite les larmes aient l’air de putois
Et position difficile que la nôtre d’illuminer le monde
D’effroi, enrageant de bouillie, encore la souche
Et comme toujours par le passé
Le regard scientifique, parfum, millions, rire géant
C’était là une échelle mais pas celle de vérités incertaines et innocentes, la branche effleurant –
Jusqu’à un fossé de vin et cuves, éclaboussant le poster de sang, télégraphe, tout le temps
Absorbant automatiquement les choses, celles qui n’avaient pas été gâtées, sordides. »
John Ashbery
Le serment du Jeu de Paume
Traduit par Olivier Brossard
Coll. Série américaine, Éditions Corti, 2015
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