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nelly sachs

  • Nelly Sachs, « Papillon »

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    « Quel bel au-delà

    est peint dans ta poussière.

    À travers le noyau de flammes de la terre,

    à travers son écorce de pierre

    tu fus offert,

    tissage d’adieu à la mesure de l’éphémère.

     

    Papillon,

    bonne nuit de tous les êtres !

    Les poids de la vie et de la mort

    S’abîment avec tes ailes

    sur la rose

    qui se fane avec la lumière mûrie en ultime retour.

     

    Quel bel au-delà

    est peint dans ta poussière.

    Quel signe royal

    dans le secret des airs. »

     

    Nelly Sachs

    « Dans le secret »

    In Éclipse d’étoiles précédé de Dans les demeures de la mort

    Traduction de l’allemand et postface de Mireille Gansel

    Collection « Der Doppelgänger », Verdier, 1999

  • Nelly Sachs, « Lettres en provenance de la nuit »

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    «  Le 16.4.51. Ne pas presser la fin. Mais une fois que la nostalgie a allumé la lumière par les deux bouts – quoi alors ?

    Toujours vécu au comble de la ferveur. Étant enfant pendant les nuits avec les terribles soleils dorés. Crucifiés de noir. Les parents, les bien-aimés cherchés toute la nuit dans l’angoisse. Des promenades au zoo dans le soleil du soir. Lumière de supplice. Tout à coup un pré reconnu. Sorti d’où ? Une chanson, un parfum. Toujours été sujette au plus lointain. L’angoisse à l’école, de donner à voir mon étrangeté. Toujours retranchée. La chérie chantait… y passent les cygnes… à force de chant elle faisait si doucement monter l’eau sombre du repos du sommeil enfantin – toi ma mère !

    Mon père apportait des poires dans ma fièvre – mon père et la musique – un menuet de Rameau. Danse – danse les yeux fermés, beaucoup de larmes étaient à l’intérieur et les yeux de désert d’Israël – ce terrible amour à un cheveu de la mort – beaucoup de maladie – la guerre – mon père ta souffrance et tous les secrets de tes derniers jours – des forces qui devaient venir à moi – ta bénédiction – puis le temps de l’horreur – silence – sauvée ici en Suède avec la plus chère et souvent comme morte avec elle. Toujours vécu à l’extrême limite – entrainée à mourir. Aimer c’est s’entraîner à mourir. »

     

     Nelly Sachs

    Lettres en provenance de la nuit – 1950-1953

    Traduit de l’allemand par Bernard Pautrat

    Allia, 2010

     

     Merci à Marie Van Moere