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stéphane feuillas

  • Lu Yu, « Écrit dans un moment de détente »

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    « Un vieil homme allant sur ses soixante-dix ans,

    En fait, tout pareil à un enfant

    Qui cherche en sanglotant les fruits des monts,

    Qui suit en éclatant de rire les mimes des villages,

    Ravi d’ajouter avec d’autres des tuiles sur le stupa,

    Debout, seul, se mirant dans un petit bassin,

    Qui prend entre ses doigts un livre usé à lire,

    Embrouillé comme s’il allait étudier à l’école… »

     

    Lu Yu – 1125-1210

    Traduit du chinois par Stéphane Feuillas

    in Anthologie de la poésie chinoise

    Pléiade / Gallimard, 2015

  • Sima Guang, « Sur les rimes du poème de Shao Yaofu, “Chant des activités dans le nid de la joie paisible” »

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    « Dans la terrasse magique, libre de toute affaire, chaque jour ouvert et gai,

    Paisible et joyeux, revenu à la source, il ne cherche rien au-dehors.

    Lorsqu’il bruine et que souffle le vent froid, il reste seul assis,

    Et quand le ciel est clair et les scènes sont belles, il randonne à son aise.

    Les pins et les bambous ouvrent à suffisance ses yeux noirs,

    Et qui l’empêche d’épingler sur sa tête blanchie des fleurs de pêchers ?

    Moi qui ai pour mission de rédiger des livres,

    Pour vous je volerai un instant et monterai sur le haut pavillon… »

     

    Sima Guang – 1019-1086

     « La dynastie des Song du Nord — 960-1127 »

    Textes traduits, présentés et annotés par Stéphane Feuillas

    Anthologie de la poésie chinoise

    La Pléiade, Gallimard, 2015

  • Su Shi, « Écrit pour les adieux de Cen »

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    Portrait imaginaire de Su Shi par Zhao Mengfu

     

    « Paresse semble souvent pareille au calme,

    Mais le calme est-il l’élève de la paresse ?

    Maladresse est tout près de droiture

    Mais la droiture est-elle maladroite ?

    Vous êtes calme et droit, messire,

    Naturel et délié au gré des circonstances.

    Hélas ! moi, que fais-je encore ?

    De vous avoir connu, je tire nouvelles joies.

    Je ne vais pas contre le monde,

    Nous sommes simplement différents.

    Moins habile qu’un pigeon dans les bois,

    Plus lent qu’un poisson sous les glaces.

    La droiture parfois s’étire et se déploie,

    Le calme n’est jamais définitif.

    Et moi je souffre de ces maux

    Que ne guérissent ni aiguilles ni simples.

    Au moment du départ, étonné des alcools si légers,

    Et après les adieux, laissé seul dans les larmes.

    Nous nous reverrons un jour, c’est certain,

    Même si, j’en ai peur, la vie publique nous éloigne.

    Je m’en remets seulement au rêve des anciennes collines

    Qui vous emmènera dans ma pauvre chaumière. »

     

    Su Shi (Su Dungpo) – 1037-1101

    « La dynastie des Song du Nord »

    Traduit par Stéphane Feuillas

    In Anthologie de la poésie chinoise

    La Pléiade, Gallimard, 2015

  • Fan Chengda , « Chantant mes pensées en riant de moi-même »

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    « Des glaçons glissent de l’auvent, le printemps est encore gelé ;

    Mes portes même tard restent fermées.

    Je vis retiré et oisif, surpris quand vient un visiteur,

    Vieillissant, paresseux, je crains que viennent des missives.

    Jour après jour, j’ordonne d’arroser les bambous

    Et chaque matin, je prends des nouvelles des pruniers.

    Le jardinier certainement rit de moi en secret,

    Qui prétend que mon cœur n’est plus que cendres. »

     

    Fan Chengda — 1126-1193

    « La dynastie des Song du Sud »

    Traduit, présenté et annoté par Stéphane Feuillas

    In Anthologie de la poésie chinoise

    La Pléiade, Gallimard, 2015

  • Qin Guan, Deux poèmes

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    « AUX CONFINS DU CIEL, LOURDE DE CHAGRINS PASSÉS…

     

     Air : « Les Magnolias. Version abrégée ».

     

    Aux confins du ciel, lourde de chagrins passés,

    Seule, glacée, misérable, et nul ne s’enquiert de moi,

    Je voudrais dévoiler mon cœur aux mille tourments brisé,

    Comme se brise le parfum des fines écritures* hors l’encensoir doré.

     

    Mes sourcils de jais si souvent froncés

    Qu’un vent de printemps ne peut même détendre ;

    Lasse, appuyée dans un pavillon haut perché :

    Une grue qui s’enfuit dessine trait après trait ma peine…

     

    SUR LA BRANCHE UN LORIOT AUX MÉLODIES INCESSANTES…

     

    Air : « Ciel de perdrix »

     

    Sur la branche un loriot aux mélodies incessantes qui s’accordent à mes larmes,

    Traces de pleurs nouvelles ajoutées aux anciennes.

    Tout le printemps, les carpes et les oies sauvages n’ont porté nulle lettre** ;

    Séparée par les passes et les monts sur mille lis, mon âme, hors d’elle, en songe s’épuise.

     

    Muette, face aux coupes parfumées,

    Je prépare mon cœur qui se brise au crépuscule qui vient.

    Je viens juste d’allumer les lanternes,

    La pluie frappe les fleurs de poirier, et je ferme à fond les portes. »

     

    * les fines écritures (litt. « la petite sigillaire ») désignent les volutes qui s’échappent du brûle-parfum.

    ** les anciens Chinois croyaient que les carpes et les oies sauvages étaient des messagers.

     

    Qin Guan (1049-1100)

    « La dynastie des Song du Nord — 960-1127 »

    Textes traduits, présentés et annotés par Stéphane Feuillas

    Anthologie de la poésie chinoise

    La Pléiade, Gallimard, 2015

  • Xin Qiji, « L’année “jihai” de l’ère Chunxi, je fus muté… »

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    DR

     

    Air : “Poisson attrappé”.

    L’année jihai de l’ère Chunxi, je fus muté comme commissaire de circuit du Hubei au Hunan. Lors d’une fête que je donnai avec le fonctionnaire Wang Zhengzhi dans le pavillon de la petite montagne, je composais ces paroles :

     

    Combien d’orages encore pourrais-je endurer ?

    À toute allure, le printemps s’est de nouveau enfui.

    Je chéris tellement cette saison que toujours crains les fleurs trop tôt écloses,

    Et pire encore leurs rouges pétales qui choient innombrables.

    Printemps, demeure encore un instant !

    On m’a dit que dans les herbes parfumées aux confins du ciel, tu perds le chemin du retour…

    Ah ! Pourquoi ne dis-tu rien ?

    Seule une araignée, ce me semble, s’affaire

    À tisser sa toile sous l’avant-toit peint

    Et tout le jour séduit les chatons envolés…

    Tant d’histoire autour de la Grande Porte !

    L’heureuse rencontre tant attendue encore déçue ;

    Mes yeux de papillon les ont rendus jaloux !

    J’aurai beau payer de mille onces d’or la rhapsodie de Xiangru*,

    Mon doux et long amour, à qui pourrais-je le dire ?

    Seigneur, ne danse pas !

    Ne vois-tu pas les belles, Anneau de jade, Aronde en vol** – poudres et poussières !

    Nulle souffrance plus grande que d’être oisif et seul…

    Ne va pas t’appuyer dans de hauts belvédères :

    Le soleil couchant est juste là

    Où se brise mon cœur dans ces saules embrumés ! »

     

    * Allusion à la « Rhapsodie de la Grande Porte » composée par Sima Xiangru à la demande de Dame Chen, épouse de l’empereur Wu, assignée au palais de la Grande Porte après avoir perdu ses faveurs

    **Anneau de jade et Aronde en vol : surnoms de Yang Guifei, favorite de l’empereur Xuanzong des Tang, et de Dame Zhao, épouse de l’empereur Cheng des Han antérieurs, remarquée pour ses talents de danseuse.

     

    Xin Qiji (28 mai 1140 – 1207)

    In La dynastie des Song du Sud

    Traduit du chinois par Stéphane Feuillas

    Anthologie de la poésie chinoise

    La Pléiade/Gallimard, 2015

  • Chao Zhongzhi, « En route de nuit »

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    Shi T'ao, 1642-1707

     

    « Plus je vieillis, plus le désir des mérites et de la renommée s’estompe,

    Et sur ma pauvre haridelle, seul, j’emprunte la longue route.

    Dans le village isolé, des lampes qui luisent jusqu’à l’aube

    M’informent que toute la nuit quelqu’un a lu des livres. »

     

    Chao Zhongzhi (1072 - ?)

    La dynastie des Song du sud (1127-1279)

    Traduit par Stéphane Feuillas

    In Anthologie de la poésie chinoise

    Pléiade / Gallimard, 2015