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Séverine Jouve, « Les chercheurs de lumière »

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DR

 

« La bibliothèque représentait pour moi bien davantage qu’un simple outil de recherche. Et je pensai aux différentes façons de l’aborder et d’en vivre le rayonnement. Je ne parle pas de cette recherche distraite et furtive d’un livre qui, sans vraie exigence, n’est qu’un vain refus de l’ennui. Mais de l’attente instinctive, espérée comme un vœu qui, sans objet préconçu, nécessite une forme de ferveur. Trouver ce que l’on attendait sans ne rien en attendre au préalable, voilà bien la vraie rencontre, à laquelle il importe peu de donner sens.

Adossé au monde, le Pavillon des livres est un espace isolé et circonscrit, mais qui n’entend pas se priver des pulsions de l’existence. À sa porte tombe toute rumeur, mais il appelle le même silence chuchotant que le jardin clos.

Le Pavillon des livres est bien davantage qu’une destination, comme le sont la terrasse aux aromates ou la chambre des armoires. Il est laboratoire et non simple réservoir. Mûrement réfléchi, corrigé comme l’épreuve par la main du poète, il est cet univers de la vie intense et lente, condensé jusqu’à l’expression d’une vérité particulière, mais propre à chacun.

Le Pavillon des livres représente l’illusion nécessaire pour qui veut connaître l’infinie patience du désert. Édifié en marge, il symbolise cette mise à l’écart de soi que suppose toute création. Il ouvre à la possibilité du pur cheminement qui s’entreprend en solitaire – et avec obstination –, contre le mutisme du monde.

Le Pavillon des livres est une architecture édifiée avec des mots, inutile à “l’homme du monde” mais nécessaire à celui qui a choisi de vivre sa vie jusqu’au dépassement. Il est cet espace risqué du retranchement où s’annulent temps et histoire. Il est cette chambre où se concentre le désir mais où s’accentue la dispersion. »

 

Séverine Jouve

Les chercheurs de lumière Révolutions minuscules

Préface de François Dominique

Coll. Amarante, L’Harmattan, 2018

Commentaires

  • Ma reconnaissance envers Claude Chambard est grande pour sa lecture éclairée, sensible et mesurée des "Chercheurs de lumière". Il a su pointer le doigt et l'œil, par le choix du passage clé du "Pavillon des Livres", second récit de ce roman-tryptique, au coeur du texte même. La bibliothèque édifiée au centre d'un parc - "chœur" de la liturgie poétique accoudé à la vitalité insolente de la nature - est le lieu de la réflexion et de l'écriture, l'oeuvroir de l'artisan soucieux, la pièce à vivre du chercheur de lumière qui appelle l'ombre et le silence. La Terrasse, Le Pavillon, La Clairière : trois lieux, trois artistes en chemin qui se trouvent brutalement confrontés à un émerveillement minuscule qui agira - sur eux-mêmes et sur leurs arts -, comme une révélation majuscule.

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