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françois martin

  • Xiao Gang, « Poème sur des noms de simples »

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    Paysage, Dynastie des  Ming

     

     « La brise matinale fait trembler les fleurs,

    Le soleil du soir brille sur l’appontement.

    Tout en haut d’une tour une femme esseulée

    Au crépuscule pleure sur sa solitude.

    La lampe éclaire le lit des plaisirs à deux,

    Dans les tentures flotte le parfum du benjoin.

    Elle broie un peu d’encre, écrit deux ou trois vers,

    Avec de la céruse essaie de se farder.

    Elle voudrait tant voir de la fleur d’hellébore

    La tige volubile emplir sa chambre vide. »

     

     

    Xiao Gang ne fut pas qu’un poète à l’œuvre importante, il régna les deux dernières années de sa vie et mourut assassiné. Son œuvre fut longtemps mésestimée, pourtant, entouré par un cercle de poètes, il écrivit beaucoup dans un style très orienté vers les recherches formelles.

     

    Xiao Gang — 503-551

    in  « Les Six Dynasties (de la fin des Han à la fin des Sui) » — 196-618

    Traduit du chinois par François Martin

    In Anthologie de la poésie chinoise

    Pléiade / Gallimard, 2015

  • Tao Yuanming, « Le retour aux champs »

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    « À l’enfant que j’étais point ne plaisait le monde

    Et mon cœur pour les monts était tout plein d’amour.

    Mon erreur m’a jeté dans les filets du siècle

    Et trente années, pas moins, se sont ainsi enfuies.

    L’oiseau tenu en cage se languit de ses bois,

    Le poisson du bassin rêve de son étang.

    J’ai défriché un champ dans les landes du sud :

    Le rustre que je suis s’en revient à la glèbe !

    Je ne possède en tout que quelques dix arpents

    Une étroite chaumière de huit ou neuf travées.

    L’arrière est ombragé d’ormes et de grands saules,

    Le devant est planté de pêchers et poiriers.

    Dans un lointain diffus s’aperçoit un village

    D’où montent alanguies des fumées paresseuses.

    Là-bas des chiens aboient au détour des ruelles,

    Les coqs lancent leur chant tout en haut des mûriers.

    Mon portail et ma cour ignorent la poussière,

    Je goûte un long loisir dans la chambre déserte.

    Je suis bien trop longtemps resté dans une cage,

    Mais je retrouve enfin toute ma liberté.

    * * *

    Je reviens grommelant, m’appuyant sur ma canne ;

    Le chemin, très pentu, contourne les fourrés.

    L’eau du ru montagnard est très pure et très claire ;

    C’est tout ce qu’il me faut pour me laver les pieds.

    Je vais tirer du vin, du vin nouveau, bien chaud,

    Je saisis un poulet, j’appelle mes voisins.

    Le soleil s’est couché et l’ombre emplit la pièce ;

    Un bon feu de broussailles nous tient lieu de lampe.

    Alors la joie s’en vient. Hélas, la nuit est brève

    Et voici que déjà un nouveau jour se lève. »

     

    Tao Yuanming – 365-427

    Le retour aux champs

    – série de cinq poèmes, ici le premier et le dernier –

    in « Les Six Dynasties et les Sui »

    traduit du chinois par François Martin

    Anthologie de la poésie chinoise

    La Pléiade, Gallimard, 2016

  • Ruan Ji, « Ce que j’ai au cœur »

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    « Profonde était la nuit. Le sommeil me fuyait.

    Je me levai, m’assis, jouai sur ma cithare.

    Sur les minces rideaux se reflétait la lune.

    Et un zéphyr très doux faisait frémir ma robe.

    Une oie solitaire pleura dans la broussaille ;

    Un oiseau en criant passa aux bois du nord.

    J’ai erré çà et là. Qu’espérais-je donc voir ?

    Seul un chagrin profond a tourmenté mon cœur. »

     

    Ruan Ji (201-263, période des Trois royaumes)

    Ce que j’ai au cœur est composé de 183 poèmes, celui-ci est le premier

    Traduit par François Martin

    In Anthologie de la poésie chinoise

    La Pléiade, Gallimard, 2015