lundi, 20 juin 2016
Ishikawa Takuboku, « Une poignée de sable »
« Tôt ce matin
écrite par cette jeune sœur qui a déjà passé l’âge de se marier
j’ai lu une lettre qui ressemblait fort à une lettre d’amour
Que quiconque la lisant
ne puisse m’oublier
telle est la longue lettre que je voulais écrire ce soir
Grondé
un cœur d’enfant éclate en sanglots
Tel est le cœur que je voudrais avoir
Comme une bête malade
mon cœur
dès qu’il entend parler du pays s’apaise
Souffrance de l’errance que je n’aurai su rendre
dans ce brouillon dont l’écriture
m’est si pénible à relire !
Quelque part
traîne comme une odeur de peau de mandarine brûlée
voici le soir
Venu dans ce parc un jour de beau temps
en marchant
j’ai pris conscience du déclin tout récent de mes forces »
Ishikawa Takuboku
Une poignée de sable
Traduit du japonais par Yves-Marie Allioux
Philippe Picquier, 2016
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dimanche, 06 juillet 2014
Ishikawa Takuboku, « Ceux que l’on oublie difficilement »
« J’ai compté les années d’espérance
et je fixe mes doigts
je suis fatigué du voyage
Je n’avais pas fini d’écrire l’amertume des vagabondages
que les mots du brouillon
sont difficiles à relire
Cette nuit je vais tenter de pleurer tout mon saoul
– le thé refroidi
d’une auberge de passage
Le rire d’une femme
tout à coup me transperça
une nuit de saké froid dans la cuisine
Se soutenant sur moi
par une profonde nuit de neige
la tiédeur de cette main de femme
Elle attendait de me voir ivre
pour aller chuchoter
diverses choses tristes
Cette femme qui pleurait dans ma chambre
était-elle souvenir d’un roman
ou de l’un de mes jours »
Ishikawa Takuboku
Ceux que l’on oublie difficilement
Traduit du japonais par Alain Gouvret, Yasuko Kudaka et Gérard Pfister
Arfuyen, 1989
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