vendredi, 06 juillet 2018
Gu Hengbo, « La pensée nocturne dans le pavillon Haiyue »
Gu Mei, Orchidées solitaires (détail). Musée national du palais, Taipei.
« Au-delà du rideau parfumé
La pluie fine mouille le ciel nocturne
Les feuilles jaunes s’envolent
Je me couvre de vêtements du soir.
La cour peinte ombragée par des lianes
Leurs tiges en harmonie avec l’automne
Les saules cachent la balustrade rougeâtre
La lune jette sur le sol des ombres timides.
Les fleurs grelottent dans le froid nocturne
Ma silhouette amaigrie tremble dans la pénombre
Le perron froid sombre dans une obscurité profonde
Les oies sauvages restent silencieuses sur les branches.
Dans cette montagne la forêt est immense
Je savoure cette vie d’ermite
Le vent se lève du côté des pins robustes
La porte bien fermée je me couche sur la natte. »
Gu Hengbo, prostituée et chanteuse très connue dans la capitale de la dynastie des Ming, était l’une des « huit beautés de Nankin » de son époque. Animée d’une générosité chevaleresque, elle sauva la vie à plusieurs guerriers qui résistaient à l’invasion des Mandchous qui allaient bientôt fonder la fameuse dynastie des Qing. Dégoûtée par la vie de prostitution, elle épousa Gong Hefei, en tant que concubine de grand lettré. Ses poèmes sont célèbres pour la description minutieuse des différents sentiments. Elle mourut à Pékin à quarante-six ans, laissant le Recueil des poèmes écrits dans le pavillon des chatons de saules.
Gu Hengbo – Gu Mei, 1619-1663
In Femmes poètes de la Chine
Traduction, annotations et calligraphies de Shi Bo
Le Temps des Cerises, 2004
https://www.letempsdescerises.net/?product=femmes-poetes-...
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samedi, 30 juin 2018
Épouse de Dai Shiping, « Poème d’adieu »
Fragment de fresque en stuc polychrome, Dynastie Song, Chine.. DR
« Malgré mon talent et ma sagesse
Fille de triste destinée
Je ne trouve aucun moyen de te garder
Je froisse cette feuille magnifique
J’y couche mon désespoir et ma détresse
Le long du chemin les saules dansent
Ma mélancolie grandit sans cesse
Comment pleurer sur ma mauvaise destinée ?
Ma vie est détruite
À cause de ma légèreté.
Te souviens-tu de nos serments sous la lune ?
Ce n’était pas un rêve.
Si à l’avenir tu reviens
N’oublie pas de rendre visite à notre chambre
Et de verser une coupe de vin sur ma tombe. »
On ne connaît pas le nom de l’auteur qui était la fille d’un riche commerçant de la province du Jiangxi, non loin de Shangaï. Un jour, le lettré Dai Shiping voyageait dans cette province et rencontra cette charmante jeune fille qui tomba amoureuse de lui et l’épousa. Trois ans après, tourmenté par sa première épouse et ses enfants dans son pays natal, Dai voulut quitter Jiangxi et avoua qu’il était déjà père de deux enfants. Le riche commerçant se mit en colère et la poétesse essaya de le calmer. Saluant le départ de son mari Dai, la poétesse lui offrit son coffre de toilette et ce poème d’adieu.
Épouse de Dai Shiping – Dynastie Song du Nord, 960-1279
In Femmes poètes de la Chine
Traduction, annotations et calligraphies de Shi Bo
Le Temps des Cerises, 2004
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